Le cessez-le-feu signé il y a presque un an entre le Liban et Israël a remis en lumière la vieille question de la souveraineté de l’État libanais. Entre frappes et occupation israéliennes et difficulté à obtenir le monopole des armes, le pouvoir central semble toujours aussi faible.
Le cessez-le-feu signé par le Liban et Israël le 27 novembre 2024 a presque un an, et la population libanaise se demande chaque jour s’il existe vraiment. Pas une journée sans que l’armée israélienne frappe une voiture, une moto, un bâtiment. Pas une journée sans que soient tué·es des Libanais·es, parfois membres du Hezbollah et reconnus comme tels par le parti chiite, parfois simples civil·es.
Une habitante de Bint Jbail, dans le sud du pays, affirmait ainsi à Mediapart fin septembre : « Quand nous entendons les drones, nous ne sortons pas de chez nous, de peur d’être visés et tués. Et c’est plusieurs fois par semaine. Aujourd’hui, ils tournent depuis ce matin. » Ce jour-là, deux missiles tirés par un drone israélien ont ciblé une mobylette et une voiture, tuant cinq personnes, le conducteur du deux-roues et quatre passagers du véhicule, un père de famille et trois de ses enfants. L’armée israélienne s’est contentée de déplorer la mort des civils.
Lundi 27 octobre, deux frères ont péri dans une frappe sur la scierie où ils travaillaient, au sud de Tyr. Quatorze personnes en tout ont ainsi connu une mort brutale en cinq jours, indique le quotidien libanais L’Orient-Le Jour, dans des attaques aériennes visant le Sud-Liban et la Bekaa. Des engins de chantier, utilisés pour déblayer les ruines des bâtiments et villages détruits pendant la guerre par l’armée israélienne et pour commencer la reconstruction, ont également été visés. Des incursions terrestres sont régulièrement signalées. (...)
Dimanche 26, des Casques bleus français ont abattu un drone israélien à Kfar Kila, à la frontière entre les deux pays. L’engin venait de larguer une grenade sur eux pendant qu’ils escortaient des paysans retournant sur leurs terres. Il est rare que les militaires sous drapeau onusien désignent aussi clairement qui ne respecte pas ses engagements. Encore plus rare qu’ils usent de leur force. (...)
Les points au Sud-Liban occupés par Israël sont aujourd’hui au nombre de sept. « Les Israéliens ont agrandi certains postes, ont établi des infrastructures en béton armé. Ça veut dire qu’ils comptent rester là un moment », assure Khalil Hélou.
Le gouvernement libanais se retrouve pris entre des injonctions contradictoires. Israël menace de reprendre ses offensives et joue l’escalade. Les États-Unis naviguent entre Tel-Aviv et Beyrouth, avec l’inclinaison pro-israélienne qu’on leur connaît. Une partie du Liban, en particulier les formations chrétiennes et sunnites, exige le désarmement du Hezbollah, ce que ce dernier refuse. (...)
« Puisque les États-Unis refusent de fournir un arsenal sérieux à l’armée libanaise, seul le Hezbollah peut protéger le pays de l’agressivité d’Israël. » Fatima, orthophoniste, partisane du Hezbollah (...)
Et voici alimentées dans chaque communauté les craintes d’une nouvelle guerre civile. Fortement ressenties, partout discutées, allègrement instrumentalisées, elles entravent, comme les attaques israéliennes, comme l’arsenal du Hezbollah, comme la faiblesse de l’État, la construction de la souveraineté.
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– (France24-8 novembre 2025)
Au Liban, au moins trois morts et plusieurs blessés dans de nouvelles frappes israéliennes
Selon le ministère libanais de la Santé, des frappes israéliennes ont tué samedi trois personnes et fait plusieurs blessés. L’armée israélienne a pour sa part confirmé avoir tué deux personnes présentées comme des "terroristes". (...)