
Dans un récent article, plus de 20 spécialistes en santé publique appellent à une action urgente pour protéger les enfants des dangers des produits chimiques. Leur étude met en lumière les liens préoccupants entre l’exposition des plus jeunes à ces substances et l’augmentation des maladies infantiles. Selon eux, il est impératif de modifier les lois et de restructurer une industrie chimique et plastique qui, trop longtemps, a privilégié les profits au détriment de la santé publique, en particulier celle des enfants.
Une méta-analyse de 1 700 études avait déjà montré que 5,4 millions de maladies coronariennes étaient liées à une exposition au bisphénol A (BPA), tandis que 164 000 décès ont été attribués au DEHP (phtalate de di-2-éthylhexyle). Les chercheurs à l’origine de cette méta-analyse mettent également en garde contre plusieurs produits chimiques intégrés dans les plastiques, suspectés d’être particulièrement dangereux. (...)
Une augmentation considérable des effets nocifs de l’exposition aux produits chimiques
Les enfants sont particulièrement vulnérables à l’exposition aux produits chimiques, soulignent les chercheurs. Le plomb, encore présent dans certains jouets, peut provoquer des troubles cognitifs et comportementaux ; le mercure, utilisé dans divers produits industriels, compromet leur développement neurologique ; le cadmium, quant à lui, engendre des dysfonctionnements rénaux. Outre ces métaux lourds, d’autres substances, comme les pesticides, le bisphénol A (BPA), les phtalates et les parabènes, affectent gravement le système endocrinien des enfants.
Les conclusions de l’étude sont claires : au cours des cinq dernières décennies, les effets nocifs de l’exposition aux produits chimiques et aux plastiques sur la santé des enfants ont considérablement augmenté. (...)
Les maladies non transmissibles liées aux produits chimiques sont, selon les auteurs, devenues la principale cause de mortalité chez les enfants.
« L’inaction n’est plus une option »
Selon le consortium, la production mondiale de substances chimiques synthétiques, qui comprend actuellement 350 000 produits, a été multipliée par 50 depuis 1950. Ce chiffre augmente de 3 % chaque année et devrait tripler d’ici 2050. (...)
Les auteurs de l’étude appellent à un changement de paradigme : tester rigoureusement chaque produit chimique avant sa mise sur le marché. « Chaque substance doit être considérée innocente seulement après avoir prouvé qu’elle ne représente aucun danger pour les enfants », insiste Phil Landrigan, directeur du Programme pour la santé publique mondiale et le bien commun au Boston College.
Enfin, les chercheurs recommandent une révision des lois encadrant l’industrie chimique, accompagnée d’un accord mondial obligeant les fabricants à divulguer les risques associés à leurs produits. Pour soutenir ces réformes, ils ont fondé l’Institute of Preventive Health, chargé de promouvoir la recherche et le financement de solutions innovantes.