
Plusieurs milliers de manifestants ont tenté de rejoindre samedi des tronçons du projet de l’autoroute A69, en dépit de l’interdiction de la préfecture. Après plusieurs heurts à travers champs, les organisateurs déplorent une vingtaine de blessés, dont trois graves. Pour sa part, la préfecture annonce deux blessés du côté des policiers.
(Puylaurens, Tarn) - La scène ressemble aux impressionnantes images de la manifestation qui s’était déroulée à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) contre les mégabassines en mars 2023, même si le bilan humain semble heureusement moins lourd. Des centaines de militants courent à travers champs face à des forces de l’ordre en nombre, qui lancent des gaz lacrymogènes et des grenades de désencerclement de manière quasi continue.
Devant eux, des jeunes répliquent avec des tirs de feux d’artifice. Sur ce champ proche de la D926, les parcelles de blé prennent feu. En haut de la colline, le cortège dit « traditionnel » regarde les affrontements de loin et réceptionne les quelques blessés.
À 18 heures, cela fait bientôt quatre heures que les 7 000 manifestants (selon les organisateurs, 2 000 selon la préfecture) tentent de rejoindre un tronçon de la future autoroute A69 en passant par des sentiers de campagne et des champs. (...)
(Puylaurens, Tarn) - La scène ressemble aux impressionnantes images de la manifestation qui s’était déroulée à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) contre les mégabassines en mars 2023, même si le bilan humain semble heureusement moins lourd. Des centaines de militants courent à travers champs face à des forces de l’ordre en nombre, qui lancent des gaz lacrymogènes et des grenades de désencerclement de manière quasi continue.
Devant eux, des jeunes répliquent avec des tirs de feux d’artifice. Sur ce champ proche de la D926, les parcelles de blé prennent feu. En haut de la colline, le cortège dit « traditionnel » regarde les affrontements de loin et réceptionne les quelques blessés.
À 18 heures, cela fait bientôt quatre heures que les 7 000 manifestants (selon les organisateurs, 2 000 selon la préfecture) tentent de rejoindre un tronçon de la future autoroute A69 en passant par des sentiers de campagne et des champs. (...)
À l’appel d’Extinction Rebellion, du Groupe national de surveillance des arbres (GNSA), du collectif La voie est libre et des Soulèvements de la terre, la « manif’action » a démarré depuis le nouveau camp de base, monté la veille, à proximité du village de Puylaurens. Primo-manifestants, militants de tous âges et syndicats se sont mélangés dans une marche organisée sur le tracé du projet.
Toute la matinée, le camp s’est rempli au rythme des prises de parole des différents collectifs invités et de points organisés en vue de l’organisation du cortège de l’après-midi. La veille, les zones à défendre (ZAD) installées depuis plusieurs mois à Saïx avaient été pénétrées par les forces de l’ordre, sans pour autant être démantelées.
Jeudi 6 juin, la manifestation – qui n’avait pas encore été déclarée – avait été interdite par la préfecture du Tarn. Un recours en référé contre cette interdiction avait été déposé le lendemain par la Confédération paysanne et le GNSA devant le tribunal administratif de Toulouse, qui l’a rejeté tard hier soir.
Pour certains militants présents, le traumatisme de Sainte-Soline reste encore vif. (...)
Le dispositif policier a, lui aussi, été similaire à celui de la manifestation contre les mégabassines : la préfecture a annoncé le déploiement de vingt-deux escadrons de gendarmes mobiles et de deux hélicoptères. À 13 heures, le camp de base était déjà cerné par des gendarmes et des canons à eau à toutes les sorties. Les deux hélicoptères surveillent les cortèges disséminés en permanence et envoient des renforts de police au sol en conséquence.
« On est légitimes à s’interposer »
Malgré l’interdiction, la manifestation a reçu le soutien d’associations qui ne comptent pas forcément la pratique de la désobéissance dans leur ADN, à l’instar de la Confédération paysanne ou du collectif Sans bitume, qui lutte depuis un an contre les centrales à bitume qui seront installées pour produire sur place le revêtement de l’autoroute, et dont l’une sera construite à Puylaurens.
« On est pacifistes, mais aujourd’hui on est obligés d’être solidaires avec les autres collectifs qui luttent contre l’A69, parce que tout est intimement lié, explique Régis Lux, le représentant de Sans bitume. On est au bord du craquage. » (...)
Avant la manifestation, la Confédération paysanne avait, elle, annoncé vouloir un rassemblement « sans se mettre en danger ». Objectif : semer des graines sur le tracé, « un mélange paysan », avec un tracteur prévu à cet effet, paré d’une mésange bleue géante en papier mâché. De leur côté, les organisateurs comme Extinction Rebellion Toulouse avaient scandé devant la presse : « On incarne une posture d’autodéfense face au gouvernement, on est légitimes à s’interposer. » (...)
Après plusieurs tentatives pour rejoindre le tracé de l’A69 toute l’après-midi, vivement réprimées par les forces de l’ordre, les militants se sont repliés à l’appel des Soulèvements de la terre en voyant une dizaine de blindés de police arriver sur les lieux des affrontements. « Nous ne voulons pas d’un Sainte-Soline bis », avait-on pu entendre sur le chemin remontant la colline. Vers 19 h 30, les tirs se mettent à résonner à nouveau dans la vallée. (...)