
L’urgence pour la plupart des médias de raconter le « combat » des pompiers dans un imaginaire guerrier leur fait oublier de rappeler systématiquement l’impact du dérèglement climatique sur les feux de forêts.
Les « soldats du feu » sont de retour dans les médias, pour parler des incendies près de Narbonne et de Marseille. L’imaginaire guerrier est comme toujours de sortie pour évoquer le travail des pompiers face à ce qui devient un ennemi à combattre. Avec bien peu de rappels du caractère naturel et attendu des feux de forêt dans le sud de la France – lorsqu’ils ne sont évidemment pas déclenchés volontairement – et de leurs conséquences dans des zones où l’urbanisation continue, décennie après décennie, de rapprocher les habitant·es des forêts qui s’embrasent. Comme nous le rappelaient d’ailleurs une anthropologue et un journaliste scientifique dans une émission dédiée à la couverture des incendies californiens en janvier 2025. (...)
Autre travers médiatique de la couverture des incendies : l’urgence de raconter ce « combat » des « soldats du feu ». La nécessité pour la plupart des rédactions d’y consacrer des reportages de terrain, resserrant la focale journalistique au détriment de la big picture. Si certains médias font le choix de sujets dédiés au dérèglement climatique, ces contenus se trouvent noyés dans la masse de l’actualité, la vraie, entendez la progression ou la régression des feux, l’étendue des destructions, les inévitables victimes, le jargon des pompiers ou leurs moyens d’action.
« Ces incendies ne sont plus des anomalies : ils sont les symptômes visibles du réchauffement en cours. » D. Faranda
Prenons donc le temps de faire émerger ces sujets. « Si on regarde dans les archives, ce lien entre augmentation des feux de forêts et réchauffement climatique est criant », écrivait l’INA dans un article de 2022. (...)
La difficulté des médias à rappeler systématiquement l’impact du dérèglement climatique sur les feux de forêts, en particulier dans les articles dits « d’actualité chaude » ou les directs, pourrait pourtant se résoudre par l’ajout d’un encadré type, ou d’un rappel de quelques secondes à l’antenne. Pourquoi pas en utilisant ce récent contenu pédagogique de Météo France, qui rappelle que « Dans une France à +4 °C d’ici à 2100, le risque de feu se généralisera à l’ensemble du pays avec une forte aggravation dans la région méditerranéenne », et que « la saison des feux pourrait durer 1 à 2 mois supplémentaires dans certaines régions ». Le lien est ici pour les rédactions intéressées.