
Près de Brest, des activistes ont installé une zad dans la nuit du 11 au 12 juillet pour s’opposer à la construction d’un stade de football. Ils espèrent être largement rejoints pour préserver cet écrin de verdure des bétonneurs.
Mise à jour 13/07 à 18 h 50 : Selon les informations de Reporterre, la zad a été expulsée par la gendarmerie dès l’après-midi du dimanche 13 juillet. L’opération n’a donné lieu à aucune interpellation et s’est faite « sans heurts », a déclaré la préfecture au journal Ouest-France. Les activistes assurent que leur mobilisation ne s’arrêtera pas là.
Guipavas (Finistère), reportage
La longue banderole claque entre deux arbres. Elle célèbre le nouveau nom du lieu : « Maner CoZad ». Les militants installés dans les branches — les « écureuils » — finissent tout juste de la hisser. C’est le signal officiel : nous sommes en milieu d’après-midi, le 12 juillet 2025, et une nouvelle zad est inaugurée en Bretagne, aux abords de Brest.
Retranchés derrière des barricades de palettes, une vingtaine de zadistes célèbre discrètement cette première victoire. Peu après, un tracteur débarque sur la zone. Un paysan du coin, sympathisant de la lutte, dépose une citerne d’eau. L’occupation a vocation à durer. (...)
La Maner CoZad, ou zad de Maner Coz, tire son nom du lieu-dit où elle est installée, sur la commune de Guipavas. Dix-huit hectares de terres agricoles et naturelles menacées de destruction par un projet de nouveau stade de foot, l’Arkéa Park, que veut construire le Stade brestois 29, club de Ligue 1, la première division du football français.
Une trame verte pour la faune
Un projet vivement contesté par les militants écologistes locaux. Sur un territoire déjà fortement artificialisé, à la limite de la zone commerciale du Froutven, ces terres verdoyantes constituent un refuge précieux pour la faune et la flore, pour l’eau et pour la qualité de vie des riverains.
De son côté, le porteur du projet se défend en disant que la surface de la zone à artificialiser a été largement réduite depuis les premiers plans. Il promet également que des nichoirs à hirondelles et chauve-souris, dont plusieurs espèces protégées ont été observées sur les lieux, seront installés dans une « zone sanctuarisée ». (...)
L’artificialisation des terres et le coût climatique du projet pourraient cependant être intégralement évités en privilégiant la rénovation du stade existant situé dans le centre-ville de Brest, comme l’expliquait Reporterre en novembre dernier.
Mais pour Denis Le Saint, président du club et puissant industriel local, construire un nouveau stade serait beaucoup plus lucratif. Soutenu par François Cuillandre, le maire de Brest et président de Brest Métropole, il a obtenu du ministère des Sports que son projet soit reconnu d’intérêt général en février dernier. L’enquête publique est terminée. Le rendu de ses conclusions est imminent et pourrait signaler le lancement des travaux dans les prochains mois. (...)
Faire vivre la zad au long cours est un défi ambitieux. « On va avoir besoin de relais, on compte sur tous les collectifs militants bretons, sur les Brestois et les gens motivés au-delà pour nous rejoindre, un jour ou un mois, et pour soutenir financièrement et matériellement la lutte », appelle Camille (...)
La première étape de ce plan a été un succès retentissant pour les militants. Dans la nuit de 11 au 12 juillet, la zad a poussé à la vitesse de l’éclair au milieu des broussailles, fruit d’un déploiement logistique et d’un savoir-faire particulièrement efficaces. (...)
Bataille de l’opinion
Le camp retranché est impressionnant. Mais impressionnera-t-il les forces de police ? La zad gagnera-t-elle la sympathie de l’opinion locale ? Les questions n’ont pas encore de réponse sur les visages réjouis et fatigués, au lendemain de l’installation. Un gros enjeu pour les activistes sera aussi de ne pas se faire piéger par l’opposition entre écologie et football, quintessence du loisir populaire. (...)
L’espoir des militants, c’est aussi que leur lutte déborde largement la Maner CoZad, « qu’elle soit la première pierre à l’arrêt de l’étalement urbain et à la préservation des terres agricoles pour nous nourrir ». La zad pourrait alors devenir un point névralgique, pour nourrir et catalyser les luttes de la région. Si elle tient. Et que les sympathisants bretons répondent à l’appel.