
Pourquoi ne pas faire de la santé un étendard des prochaines mobilisations écologiques, plaident les auteurs de cette tribune. Un bon moyen de déjouer la « politique punitive » qui tente de discréditer l’écologie.
Le bureau de redirection écologique Sinonvirgule, qui publie ces jours-ci une étude sur l’approche One Health, et de nombreux acteurs engagés de la société civile (retrouvez la liste ici) ont signé cette tribune. (...)
Soutenue par les grandes organisations internationales, notamment l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Programme des Nations unies pour l’environnement, l’approche One Health (« Une seule santé ») s’attache à promouvoir une idée simple : la santé humaine est intimement liée à celle des milieux naturels et des espèces (animales, végétales, microbiennes) qui les habitent.
Nous sommes malades, parce que l’environnement est malade (...)
En effet, les liens entre dégradation écologique et dégradation de notre santé sont nombreux, et dorénavant largement démontrés. (...)
Et c’est bien parce qu’elle fait ce lien entre des phénomènes écologiques globaux, parfois difficiles d’accès, et des préoccupations plus quotidiennes et immédiates que la santé peut aujourd’hui devenir le socle d’un nouveau discours mobilisateur qui pourrait rebattre les cartes. (...)
Le combat contre l’élevage intensif et pour le bien-être animal pourrait devenir celui de la réduction des risques de zoonoses et de l’amélioration des conditions de travail des éleveurs. En plus de dénoncer la destruction des milieux naturels, les collectifs luttant contre l’artificialisation des sols pourraient alerter sur les conséquences de la pollution de l’air occasionnée par les usines à bitume nécessaires à la construction d’infrastructures comme l’A69. Plus largement, la mobilisation contre le réchauffement climatique pourrait accentuer la dénonciation de ses effets sur la santé physique, sociale et mentale, à l’instar de la plainte récemment portée contre Total pour homicide involontaire et mise en danger de la vie d’autrui, qui a un trouvé un large écho dans la société civile.
Une santé plus politisée et préventive (...)
Dans cette reconfiguration du discours écologique, il s’agit de ne pas oublier que certains publics sont plus frappés que d’autres par les problèmes de santé liés à l’environnement, soit parce qu’ils y sont plus exposés, soit parce qu’ils ont moins les moyens d’y faire face. (...)
Ainsi, et alors que les dernières élections ont fait peu de cas de la question écologique, communiquer davantage sur les liens entre la mauvaise santé des humains et la dégradation accélérée des milieux naturels pourrait favoriser une prise de conscience élargie et forcer les décideurs politiques à agir. (...)
En somme, et en la brandissant comme un commun devant être préservé à l’aide d’actions préventives sur les milieux naturels, notre santé peut devenir le nouvel étendard pour exiger de rediriger nos économies, de renoncer à des projets écocidaires ou de réaménager nos territoires. Ensemble, militants, associations et organisations engagées, nous avons la responsabilité de porter cette convergence des enjeux de santé et d’écologie. C’est sans doute au prix de ce renouveau qu’ils pourront trouver la place centrale qu’ils méritent.