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La baisse des aides internationales risque de faire "perdre les fruits de nombreuses années d’investissement"
#aidesinternationales #HCR #refugies #migrants #immigration
Article mis en ligne le 21 juillet 2025
dernière modification le 18 juillet 2025

Pour faire face à la baisse continue des financements, le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) va devoir supprimer 3 500 postes, mettant ainsi en péril des services vitaux pour des millions de réfugiés. InfoMigrants s’est entretenu avec Matthew Saltmarsh, un porte-parole du HCR, sur l’impact de ces réductions.

Le HCR opère dans plus de 130 pays. L’agence onusienne, qui va supprimer quelque 3 5000 postes et des centaines de contrats temporaires, prévoit que cette restructuration va permettre une baisse d’environ 30 % de ses coûts en personnel au niveau mondial.

Des bureaux dans le monde entier ont déjà commencé à fermer ou à revoir leurs effectifs, notamment en réduisant de près de la moitié les postes de direction au siège du HCR à Genève et dans ses antennes régionales. L’agence cherche ainsi à préserver les opérations dans les zones où les besoins des réfugiés sont les plus urgents.

Des programmes destinés aux populations vulnérables ont déjà été durement touchés, y compris dans les domaines de la santé, l’éducation ou encore l’assainissement. Le HCR collabore avec d’autres organismes des Nations Unies, des ONG et des gouvernements pour minimiser l’impact de ce plan d’économies. Dans le même temps, l’agence veut développer des systèmes de soutien centralisés et des outils numériques pour utiliser au mieux ces ressources limitées. (...)

Le Haut Commissaire pour les réfugiés Filippo Grandi a exprimé sa profonde inquiétude (...)

Effet domino

Dans une interview avec InfoMigrants, Matthew Saltmarsh, porte-parole du HCR en Europe, met en garde contre un effet domino. "L’enregistrement des réfugiés et des données biométriques - essentielles pour la vérification de l’identité, la prévention de la fraude et la distribution équitable de l’aide - sera compromis", assure-t-il. Et comme des millions de personnes ne seront pas enregistrées, cela "entravera l’accès aux services et affaiblira la sécurité et le contrôle des frontières. Avec chaque jour qui passe sans financements, les besoins augmentent".

L’une des principales raisons de ce plan d’économie sont les coupes drastiques de l’aide américaine sous l’administration de Donald Trump. (...)

Effet domino

Dans une interview avec InfoMigrants, Matthew Saltmarsh, porte-parole du HCR en Europe, met en garde contre un effet domino. "L’enregistrement des réfugiés et des données biométriques - essentielles pour la vérification de l’identité, la prévention de la fraude et la distribution équitable de l’aide - sera compromis", assure-t-il. Et comme des millions de personnes ne seront pas enregistrées, cela "entravera l’accès aux services et affaiblira la sécurité et le contrôle des frontières. Avec chaque jour qui passe sans financements, les besoins augmentent".

L’une des principales raisons de ce plan d’économie sont les coupes drastiques de l’aide américaine sous l’administration de Donald Trump. (...)

Des plans visant à démanteler complètement l’USAID ont également été annoncés, provoquant une onde de choc dans la communauté des travailleurs humanitaires. (...)

Selon Matthex Saltmarsh, "comme d’autres dans ce secteur, nous sommes devenus dépendants d’un certain nombre de donateurs. Nous en sommes parfaitement conscients et nous avons essayé de nous diversifier, par exemple en étendant nos efforts au Moyen-Orient et à l’Asie de l’Est, mais aussi en établissant des partenaires nationaux pour collecter des fonds en notre nom. Cela a donné des résultats positifs. Au début de la guerre en Ukraine, nous avons collecté des sommes record en dons privés. Mais nous ne pouvons pas remplacer des pans entiers de financement dans un aussi court laps de temps. La plupart de nos principaux donateurs gouvernementaux rationalisent et réduisent leurs programmes d’aide internationale".

Un "engagement inébranlable"

Malgré ces difficultés, Filippo Grandi a réaffirmé que "même si nous sommes confrontés à des réductions douloureuses et que nous perdons de nombreux collègues dévoués, notre engagement envers les réfugiés reste inébranlable". Il note aussi que près de deux millions de Syriens sont rentrés chez eux depuis décembre dernier, ce qui démontre l’importance d’un soutien durable pour parvenir à des solutions à long terme. (...)

"Nous recherchons d’urgence un soutien supplémentaire auprès des donateurs existants comme l’UE et de nouveaux partenaires, y compris le secteur privé, afin de poursuivre les opérations essentielles, de maintenir la stabilité dans les régions fragiles et de soutenir le retour des réfugiés dans la mesure du possible", ajoute Matthew Saltmarsh. (...)

la capacité logistique du HCR, développée sur plusieurs décennies, dépasse de loin ce que la plupart des gouvernements ou des acteurs privés peuvent fournir, en particulier dans des régions éloignées ou politiquement instables. "Si vous nous privez de fonds, ces structures disparaîtront. Et une fois qu’elles auront disparu, vous perdrez les fruits de nombreuses années d’investissement", prévient le porte-parole.
Des conséquences concrètes

Ces derniers mois, le HCR a déjà constaté les conséquences concrètes de cette crise de l’aide internationale.

En Syrie, le manque de financements menace d’interrompre des services vitaux et va conduire à la fermeture de centres d’accueil, affectant près de 13 millions de personnes déplacées.

"La crise actuelle du financement humanitaire affecte la portée et la qualité des programmes de santé publique et de nutrition pour les réfugiés et les communautés d’accueil", explique Matthew Saltmarsh à InfoMigrants. (...)

Au Bangladesh, environ un million de réfugiés rohingyas sont confrontés à une grave crise sanitaire en raison du gel des financements, mettant en péril l’accès médicaments de base.

Au Soudan du Sud, seuls 25 % des espaces créés par le HCR pour les femmes et les filles exposées à la violence sont actuellement opérationnels, ce qui prive des dizaines de milliers de personnes d’un soutien psychosocial, médical ou juridique d’urgence.

"La réduction des financements empêchera l’accès à l’eau, à l’assainissement et aux soins médicaux pour au moins 500 000 personnes déplacées au Soudan", déplore Matthew Saltmarsh.

Il conclut que l’agence "continuera à défendre et à souligner l’importance de soutenir les personnes forcées de fuir et leurs communautés d’accueil. Non seulement parce que c’est la bonne chose à faire, mais aussi parce que c’est la chose la plus intelligente à faire". (...)

"Notre travail permet de sauver des vies, de protéger et de faire progresser les solutions pour les personnes déplacées de force. Ce faisant, nous aidons à stabiliser des régions fragiles, nous évitons aux gens de reprendre des chemins dangereux, nous renforçons les économies locales et nous contribuons à la sécurité et à la paix en général", résume le porte-parole. (...)

Il prévient que sans un financement urgent, ces progrès de stabilisation s’effondreront (...)