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Guerre en Ukraine : le destin tumultueux des jeunes étudiants africains contraints à l’exil en France
#guerreenUkraine #exiles #immigration #France
Article mis en ligne le 24 février 2025
dernière modification le 21 février 2025

Lors du déclenchement de la guerre en Ukraine il y a tout juste trois ans, les étudiants africains ont quitté malgré eux le pays qu’ils avaient choisi pour poursuivre leurs études supérieures. Beaucoup ont fui vers l’Europe de l’ouest et se sont retrouvés sans-papiers, ne pouvant bénéficier du statut de protection temporaire accordé par l’UE aux Ukrainiens. Après la peur des bombes en Ukraine et l’angoisse sur la route de l’exil, ils ont dû faire face aux difficultés administratives en France. Rencontre avec trois étudiants africains installés en France depuis trois ans.

Depuis un an, ces anciens étudiants ivoiriens fraîchement diplômés, Olivier Gueu et Jean Bertrand Somlaré, ont posé leurs bagages à Nantes, dans l’ouest de la France. Chacun vit séparément. Direction le foyer des jeunes travailleurs, chez Jean-Baptiste Ahoua, le seul qui poursuit encore ses études tout en travaillant. Cheveux tressés, tous les trois sont à l’image des Mousquetaires, unis face à l’adversité. C’est en Ukraine et sur les routes de l’exil, après le déclenchement de la guerre en 2022, que cette fratrie s’est construite. Depuis, ils ne se sont plus quittés. (...)

Le jeune homme a encore du mal à effacer de sa mémoire ce départ précipité sous les bombes : "J’avais seulement mon sac à dos avec mes documents et une paire de chaussures. Pour moi, c’était un déplacement du quotidien. Je me suis retrouvé du jour au lendemain en France, ce n’était pas facile."

"Cela faisait 11 ans que j’étais en Ukraine, explique son camarade Olivier Gueu, ingénieur. Quand tu arrives en France, tu sais vraiment pas quoi faire. En Ukraine, j’étais en seconde année de doctorat en aéronautique. Laisser tout ça derrière et venir dans un pays, la France, où, même pour te régulariser, il n’y avait pas de visibilité. Tout cela, c’était un gros stress. Et j’étais devenu un peu ukrainien aussi".

"On se sent tous ukrainiens" (...)

Olivier a été embauché chez l’un des fleurons de l’industrie aéronautique française. De l’aveu de ses camarades, c’est lui qui a le plus embrassé la culture ukrainienne, sachant parler couramment le russe. (...)

Alors qu’il était sur le point de terminer ses études après cinq années passées en Ukraine, Jean-Baptiste a dû tout recommencer à zéro et changer de filière. Toujours de bonne humeur et rieur, Jean Bertrand n’est pas encore sorti d’affaire. Avec un titre de séjour d’un an pour recherche d’emploi et création d’entreprise, il lui reste peu de temps.

Le téléphone vibre à l’autre bout du fil. C’est Ben, le médecin du groupe, aujourd’hui installé en Côte d’Ivoire, qui a passé son diplôme en pleine guerre en Ukraine. Tous plaisantent pour oublier. Cela fait longtemps qu’ils n’ont pas pu serrer leurs parents dans leurs bras.