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Turquie : deux journalistes du quotidien d’opposition Cumhuriyet libérés
Article mis en ligne le 10 mars 2018

Un tribunal turc a ordonné vendredi la libération conditionnelle du rédacteur en chef et d’un journaliste du quotidien d’opposition Cumhuriyet, jugés pour aide à des groupes « terroristes ».

La libération du rédacteur en chef Murat Sabuncu et du journaliste d’investigation Ahmet Sik a été prononcée par le tribunal de Silivri, près d’Istanbul, au terme de la sixième audience du procès de 17 collaborateurs de Cumhuriyet.

Les deux journalistes restent poursuivis dans cette affaire, a précisé le tribunal, qui a par ailleurs maintenu en détention le patron du quotidien, Akin Atalay.

M. Atalay est le dernier des 17 accusés à être encore en prison, tous les autres ayant été remis en liberté conditionnelle petit à petit depuis un an.

M. Sabuncu était incarcéré depuis 495 jours —la même durée que M. Atalay— et Ahmet Sik 434 jours. Tous deux ont quitté la maison d’arrêt vendredi soir.

« Les problèmes de la Turquie ne seront pas résolus seulement parce que nous sommes libérés », a déclaré M. Sabuncu à sa sortie. « En tant que journalistes, notre mission consiste à faire notre travail sans crainte, comme avant ». (...)

« Qu’on mette fin à cette oppression », titrait vendredi Cumhuriyet.

Parmi les accusés figurent d’autres grands noms des médias en Turquie, comme le chroniqueur francophone Kadri Gürsel et le caricaturiste Musa Kart.

Tous risquent jusqu’à 43 ans de prison pour des accusations d’aide à trois groupes classés « terroristes » par Ankara : le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation d’extrême gauche appelée DHKP-C, et le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen.

Ce dernier, qui s’est exilé aux Etats-Unis, est désigné par Ankara comme l’instigateur de la tentative de putsch du 15 juillet 2016, mais nie toute implication.

Cumhuriyet rejette ces accusations et soutient que ce procès vise à réduire au silence l’un des derniers journaux indépendants du pays. (...)

La Turquie occupe la 155e place sur 180 au classement de la liberté de la presse établi par l’ONG Reporters sans frontières (RSF).

Pour le directeur d’Amnesty International pour l’Europe, Gauri van Gulik, les libérations des deux journalistes de Cumhuriyet vendredi constituent une « lueur d’espoir » dans un pays qui est le « plus grand geôlier de journalistes au monde ».