
L’émission de Jimmy Kimmel, suspendue la semaine dernière après des menaces du régulateur américain de l’audiovisuel, sera de retour à la télévision mardi, a annoncé Disney.
(...) ABC avait annoncé mercredi priver l’animateur d’antenne, critique inlassable de Donald Trump, "pour une durée indéterminée".
Quelques heures plus tôt, Brendan Carr, le patron du gendarme des télécoms et de l’audiovisuel américains (FCC) avait dénoncé son "comportement scandaleux", en référence à ses propos accusant la droite américaine d’exploiter politiquement l’assassinat de l’influenceur pro-Trump Charlie Kirk.
Proche allié de Donald Trump, Brendan Carr avait également menacé de retirer leur licence aux chaînes qui le diffusent. (...)
"Nous avons atteint de nouveaux sommets (...), avec la clique MAGA", les partisans de Trump, "qui s’efforce désespérément de présenter ce jeune qui a assassiné Charlie Kirk comme quelqu’un d’autre qu’un des leurs, et qui fait tout son possible pour en tirer un avantage politique", avait estimé l’animateur lors de son émission du 15 septembre. (...)
Inquiétudes d’une attaque généralisée envers la presse
Sa suspension a provoqué un tollé aux États-Unis, où beaucoup y ont vu un prétexte pour se débarrasser d’un des visages les plus célèbres du petit écran, qui irritait Donald Trump de façon notoire.
Le président américain avait immédiatement salué "une grande nouvelle pour l’Amérique" et appelé à priver d’antenne d’autres figures du secteur de l’infotainment, comme Jimmy Fallon et Seth Meyers.
Jeudi, le milliardaire républicain avait également suggéré que la FCC envisage de retirer leurs licences aux chaînes d’information qui le critiquent. (...)
L’épisode a renforcé les craintes d’une attaque généralisée envers la presse. Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump restreint les accès à la Maison Blanche ou intente des procédures en réclamant des sommes astronomiques.
Sa plainte en diffamation la plus récente, réclamant 15 milliards de dollars au New York Times, a été jugée "irrecevable" vendredi par un juge qui a accordé quatre semaines au camp présidentiel pour la reformuler.
Avant l’annonce du retour à l’antenne de Jimmy Kimmel, plus de 400 stars d’Hollywood ont protesté contre la sanction, en la qualifiant de "moment sombre pour la liberté d’expression dans notre nation", et en dénonçant une décision "inconstitutionnelle et anti-américaine". "Le gouvernement menace des entreprises privées et des individus avec lesquels le Président est en désaccord. Nous ne pouvons pas laisser cette menace à notre liberté d’expression sans réponse", estimaient les célébrités, dont Pedro Pascal, Tom Hanks, Jennifer Aniston, Meryl Streep et Robert De Niro, dans ce courrier. (...)
La suspension de Jimmy Kimmel avait également provoqué des remous au sein de la droite américaine, qui fait traditionnellement de la liberté d’expression une de ses valeurs cardinales, dans un pays où même les discours haineux sont considérés comme protégés par la Constitution. Des figures républicaines comme le sénateur Ted Cruz où le présentateur Tucker Carlson avaient émis des réserves la semaine dernière.