
La direction de l’hebdomadaire Courrier international, détenu à 100 % par le groupe Le Monde, a annoncé, jeudi 10 octobre, un plan de licenciements prévoyant la suppression de 22 postes – sur 79 équivalents temps plein. La direction du magazine justifie sa décision par le non renouvellement du contrat d’édition du site d’information en dix langues, Presseurop.eu, que la Commission européenne, qui le finançait, ferme pour des raisons budgétaires
(...) En tout cas, alors que la réalisation du site Presseurop.eu occupait onze journalistes, il est inadmissible que la direction décide d’en licencier le double !
Décision inadmissible, mais guère surprenante de la part du trio Bergé, Niel, Pigasse qui préside le groupe… Dans une tribune publiée dans Libération, les écrivains John Berger, Dan Franck et Gérard Mordillat en dénonçaient ainsi la logique délétère : « Cette décision ne paraît justifiée en rien, ni sur le plan journalistique ni sur le plan économique, sinon par l’opportunité de réussir une opération financière sur le dos des salariés et au mépris des lecteurs. […] L’objectif caché de ce mal nommé “plan de sauvetage de l’emploi”, en réalité un plan de sabordage de l’emploi, serait-il, de réductions en suppressions, de rabotages en charcutages, de réduire Courrier international à la taille d’un ticket de métro avant de s’en débarrasser pour de bon ? C’est-à-dire perdre au tirage (perdre le journal et son tirage !) pour gagner au grattage de quelques profits substantiels. Cette vue à court terme, ce “prends l’oseille et tire-toi !” qui est la loi du capitalisme contemporain ne peut ni ne doit s’appliquer à un journal ; il ne devrait pas s’appliquer à quelque production que ce soit ! » (...)