Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
20 minutes
Mexique : « En Europe et aux Etats-Unis, les banques acceptent l’argent du narco-trafic »
Article mis en ligne le 27 mars 2013
dernière modification le 24 mars 2013

Ed Vulliamy, journaliste au quotidien britannique « The Guardian », a enquêté pendant deux ans à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis, la plus longue et la plus dangereuse du monde, sur la guerre contre le crime organisé. Il en a fait un livre passionnant, « Amexica » (Albin Michel). « 20 Minutes » l’a rencontré...

Comment décririez-vous la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis ?

C’est une zone très pauvre où deux mondes totalement différents entrent en collision. C’est une bande désertique de 3200 km où des gens meurent par milliers, et qu’ils traversent pour aller nettoyer les toilettes des Américains ou tondre leur gazon. C’est enfin par là que s’écoule la plus grande quantité de drogue consommée aux Etats-Unis et en Europe. (...)

Il s’y livre une guerre silencieuse et taboue : le trafic des cartels de drogue, dont les règles barbares ont fait plus de 60 000 morts en six ans et de 10 000 à 20 000 disparus, soit plus que la guerre en Afghanistan. (...)

Comment en est-on arrivé là ?

Il y a deux explications, l’une internationale et l’autre locale.

 Sur le plan international, c’est parce que les Etats-Unis et l’Europe ne peuvent s’empêcher de consommer des drogues en très grandes quantités, et parce que les banques américaines et européennes sont prêtes à accepter de l’argent sale provenant du trafic de drogue. Cette guerre est la nôtre : c’est nous qui consommons la drogue, ce sont nos banques qui acceptent l’argent du trafic.

 Sur le plan local, on en est arrivé là à cause de la guerre que se livrent les cartels, en particulier celui de Sinaloa, qui revendique tout le territoire le long de la frontière, et le cartel del Golfo. Le gouvernement mexicain, qui auparavant fermait les yeux ou coopérait avec les narco-trafiquants, a décidé de mettre un coup de pied dans la fourmilière, sans mesurer les répercussions. (...)

Il y a deux choses à faire :

 D’abord, chercher d’où vient l’argent. (...)

 Il faut développer les infrastructures dans cette région pauvre du Mexique (...)

Les trafiquants sont des pionniers du capitalisme et de ce que fait l’économie légale. C’est intéressant de voir le contraste entre les anciens narco-trafiquants, qui fonctionnaient sur un mode paternaliste et aidaient l’économie locale, et ceux d’aujourd’hui. (...)

Comment vit la population ?

Si vous faites comme si de rien était, vous pouvez continuer de vivre à peu près normalement. Mais beaucoup d’habitants vivent dans la peur. J’ai une amie mexicaine qui me disait : « dans ma classe, tellement d’amis ont disparu ». La vie continue, mais de façon étrange.