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Les mutantes oubliées
Article mis en ligne le 24 octobre 2013
dernière modification le 21 octobre 2013

J’ai pris le parti dans cet article de parler des femmes handicapées moteur, même si certains arguments peuvent s’appliquer à d’autres situations. Le handicap moteur, souvent symbolisé par le fauteuil roulant, est relativement visible. Il a beaucoup à voir avec l’image, le regard, et la rapidité de perception que les autres en font de l’extérieur. Il implique donc des spécificités que je vais essayer d’évoquer dans ce texte.

Le handicap est une notion qui recouvre beaucoup d’états, parfois transitoires, parfois évolutifs, parfois soudains. Il interroge sur les limites mêmes de l’être humain, il peut avoir un lien plus ou moins explicite avec la mort, renvoie à des fantasmes de destruction, de déchéance, ou tout simplement d’infériorité.

Handicap et genre, deux oppressions spécifiques

Le corps apparaît comme le média de cet handicap, là où ce dernier va imposer sa déformation, son manque, sa limitation, son incapacité. L’incapacité du corps se comprend alors par rapport à un modèle qui nous a été inculqué comme inévitable, inéluctable, comme « naturel ». Et quand bien même la nature nous « donne » un corps, ne le transformons-nous pas tous les jours, voire même à chaque instant, par des processus sociaux qui nous permettent d’avoir une prise psychique sur ce que nous sommes ? Ces processus qui nous permettent de créer une identité, plus ou moins choisie, mais sur laquelle nous pouvons agir ?

Ainsi, dans cette société patriarcale, le « masculin » domine le « féminin », et la binarité veut que le premier soit attribué aux « hommes » porteurs du pénis, et le second aux « femmes » qui sont les êtres capables d’enfanter. L’identité sexuée est donc « naturellement » prouvée et prouvable ! Il en va de même pour le rapport de force qui s’explique par une « faiblesse naturelle » des femmes vis à vis des hommes.

Cette vulnérabilité naturelle est aussi un élément clé de la compréhension des rapports entre handicapés et valides car elle justifie un sentiment de domination des seconds sur les premiers, une domination qui peut être « bienveillante » puisque jugée protectrice. La notion d’assistance est profondément liée aux personnes handicapées, faisant d’elles des « assistées » incapables de s’émanciper. Pourtant, l’assistance n’est-elle pas la base du contrat commun qui a fondé nos société ? (...)