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Les multinationales minières parviennent à interdire le livre "Noir Canada"
Article mis en ligne le 30 octobre 2011
dernière modification le 29 octobre 2011

Les poursuites judiciaires étaient trop lourdes. La maison d’édition Ecosociété a fini par retirer de la vente le livre Noir Canada. Celui-ci décrivait les agissements des compagnies minières installées dans ce pays. (...)

Au terme d’une lutte judiciaire qui aura duré trois ans et demi, les Éditions Écosociété sont parvenues à une entente hors cour avec la multinationale Barrick Gold. Afin de mettre fin à la poursuite que Barrick Gold leur a intentée en avril 2008 pour un montant de 6 millions de dollars, et pour cette raison uniquement, les Éditions Écosociété cessent la publication du livre Noir Canada et versent à Barrick Gold un montant d’argent par le biais de leur assureur.

Ce retrait ne saurait en rien constituer un désaveu du travail des auteures, Delphine Abadie, Alain Deneault et William Sacher, ou de l’éditeur. En quelques années d’existence, Noir Canada (Prix Richard-Arès 2008) aura rejoint des milliers de lecteurs. Son analyse du rôle des sociétés canadiennes en Afrique aura permis d’ouvrir un débat nécessaire sur le paradis judiciaire qu’est le Canada pour les entreprises minières mondiales et aura fait réaliser aux Canadienes que leur épargne se trouve investie dans ces activités controversées. Les Éditions Écosociété restent convaincues que l’ouvrage Noir Canada méritait d’être publié.

Noir Canada réclame une commission d’enquête indépendante qui ferait la lumière sur les nombreux cas d’abus qui auraient été commis en Afrique, selon une documentation internationale pléthorique. Écosociété et les auteures de Noir Canada continuent de réclamer la tenue d’une telle enquête. (...)

Malgré ce règlement, la lutte ne prend pas fin et votre soutien demeure essentiel.
(...)

les Éditions Écosociété et les auteurs de Noir Canada font toujours face à une poursuite en diffamation de 5 millions de dollars, intentée par la multinationale Banro en Ontario.
(...)

Les Éditions Écosociété entendent continuer leur travail d’éditeur critique, engagé et indépendant. Elles entendent continuer, malgré les menaces qui pèsent sur le livre et la pensée, à défendre la liberté d’expression nécessaire au débat public, à la pensée critique et à la vie démocratique.
(...)

L’aventure de cette publication, c’est trois années et demie de lutte pour la liberté d’expression, la liberté de publier et le droit à l’information, durant lesquelles Écosociété et les auteures de Noir Canada ont reçu le soutien de milliers de citoyennes, de centaines de professeures d’universités, de dizaines de juristes et de nombreuses organisations et personnalités publiques. (...)

Les auteurs de Noir Canada n’ont sans doute rien fait de plus que le travail auquel on s’attend des penseurs et des chercheurs au sein de chaque collectivité. Derrière la poursuite dont ils sont l’objet, demeure une question fondamentale : peut-on encore être critique dans notre société ? Le pouvoir (et l’argent) doit-il toujours l’emporter sur le droit de savoir, ou du moins sur le droit de s’interroger publiquement ? Au-delà de ce que recouvre la notion d’atteinte à la réputation, c’est donc l’avenir de la pensée qui se jouera ici.

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