
La loi sur la psychiatrie passe au Sénat. Rappelons que cette loi a été considérée comme complétant la Loppsi, car c’est bien la société de contrôle total qu’elle vise, en particulier avec ses dispositions permettant au Préfet de placer sous traitement psychiatrique contraint, y compris « en ambulatoire ». Ce qui signifie en clair que tout un chacun peut se voir imposer des traitements psychiatriques lourds, sans même être interné.
C’est depuis 1838 qu’a été rendue possible cette monstruosité que le placement administratif en hôpital psychiatrique par l’autorité préfectorale. Depuis 1838 que ce dispositif brutalement attentatoire aux libertés individuelles est en vigueur au pays des droits de l’homme – celui-là même qui inscrit la Liberté au fronton de ses mairies...
Cette disposition scandaleuse était néanmoins relativement auto-limitée par le fait d’une part qu’il faut fournir l’hospitalisation que l’administration impose ainsi – et que cela coûte –, d’autre part qu’en hospitalisant, on plaçait la personne dans un contexte médicalisé où l’avis des soignants finissait (le plus souvent, mais pas toujours) par s’imposer. La loi prévoyait d’ailleurs un processus où deux avis médicaux étaient nécessaires pour valider la décision préfectorale.
La nouvelle loi proposée au Parlement dispose – afin de “simplifier”…– qu’un seul avis sera désormais suffisant , étant entendu que deux avis sont toujours nécessaires… pour lever la mesure ! Mais surtout, les soins seraient donc imposables « en ambulatoire », c’est-à-dire à domicile, ou, pire, ainsi que c’est l’intention proclamée, aux sans domicile, à tous ceux qui sont à la rue.
Le simple fait que l’intention d’appliquer cette disposition à ceux qu’on appelle SDF ait été déclarée par le législateur, dit tout. La psychiatrie conçue comme un moyen de calmer ceux qui dérangent...
La vie recule à grand pas en sarkozye. Et c’est dans ce contexte si horriblement scandaleux, qu’on a pu enregistrer la démission de la présidente de la commission des affaires sociales du Sénat de ses fonctions de rapporteur de cette sale loi, parce que ses collègues auront refusé l’amendement indispensable qui interdirait de tels soins ambulatoires forcés.
Elle s’appelle Muguette Dini. Un big up pour Muguette Dini. On se souvient d’une époque où il n’y avait pas beaucoup de Jean Moulin (dans le corps préfectoral)…(...)
Wikio