Le parquet de Gap a annoncé le décès d’un jeune homme dont le corps a été retrouvé le long d’une route au-dessus du col de Montgenèvre, non loin de Briançon, à la frontière entre la France et l’Italie. La route est régulièrement empruntée par les personnes migrantes. Ce nouveau drame intervient alors que les traversées sont en hausse et les Terrasses solidaires, principal lieu d’accueil sur la commune, sont saturées.
(...) Une "enquête en recherche des causes de la mort" a été ouverte. Des prélèvements ADN et des analyses ont été effectuées lundi, afin d’aider à l’identification de la victime. "Une autopsie sera pratiquée ces prochains jours", a ajouté le procureur auprès de l’AFP.
Le corps du jeune homme a été retrouvé par un cycliste en VTT sur la route militaire des Gondrans. "Pas étonnant" qu’il s’agisse là des lieux du drame, commente Agnès Antoine, de l’association Tous Migrants : il s’agit de l’une des principales routes de montagne empruntées par les exilés pour passer la frontière franco-italienne. (...)
L’annonce du décès intervient dans un "climat déjà très lourd", expose cette bénévole impliquée depuis des années auprès des personnes exilées, jointe par Infomigrants. "Il y a énormément d’arrivées. On avait beaucoup de monde depuis le mois de mai, mais là, depuis le début de l’été, cela s’intensifie", précise-t-elle.
200 exilés au refuge, d’une capacité de 80 places (...)
Ce week-end du 5 et 6 août, "on est monté jusqu’à 100 personnes en une journée". Un pic intervenu alors que les forces de l’ordre étaient largement déployées au col de Montgenèvre pour empêcher le passage de la marche solidaire Passamontagna, menée par des activistes depuis la ville italienne de Clavière. (...)
Le réfectoire a été transformé en dortoir. "Il y a des tentes à l’extérieur, sur les terrasses", s’attriste le responsable de la sécurité du site. "On en est là. On essaie de gérer au mieux les départs pour faire de la place, mais les prix des trains sont très élevés".
Quant à l’hébergement chez des citoyens solidaires, "on en touche les limites", constate-t-il. En période estivale, donc touristique, les maisons sont occupées ou louées. Et au fil des années d’engagement, "il y a de l’épuisement".
"L’État refuse l’ouverture d’un centre d’accueil"
Un courrier a été adressé au préfet, les communiqués se multiplient. Mais "personne ne vient nous appuyer avec d’autres solutions. L’Etat refuse l’ouverture d’un centre d’accueil, même simplement d’urgence", déplore Luc Marchello. (...)
"Depuis maintenant 6 années nous alertons les services de l’Etat pour qu’ils nous accompagnent dans cette action humanitaire".
"Psychologiquement, c’est assez dur", conclut Agnès Antoine de Tous Migrants. "Tous les bénévoles font des efforts incroyables pour les maraudes, pour tenir le refuge, pour mener des campagnes de sensibilisation... Et à chaque fois on se retrouve confrontés aux mêmes tragédies."