
Le régulateur a appelé les médias « à la responsabilité » : « La liberté d’expression ne saurait justifier la diffusion de propos susceptibles d’inciter à la haine ou aux discriminations. »
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) doit-il et peut-il contrer Eric Zemmour devenu omniprésent à la télévision ? L’essayiste, dont l’allocution lors de la « convention de la droite » organisée des proches de Marion Maréchal avait été diffusée in extenso sur LCI, officie depuis le 14 octobre chaque soir sur CNews pendant une heure.
Problème, la mission du CSA n’est pas de sanctionner des propos potentiellement illégaux, mais d’obliger les chaînes à respecter leurs conventions et un certain nombre de règles déontologiques fixées, et ce sans nuire à la liberté d’expression. C’est muni de cet arsenal juridique complexe que le régulateur a tenté de lancer un avertissement aux éditeurs de télévision jeudi 24 octobre. (...)
Le CSA a annoncé qu’il allait utiliser pour la première fois contre une chaîne française l’article 40 du code de procédure pénale, qui oblige une autorité publique à notifier au procureur toute infraction pénale potentielle. Il va donc collaborer à l’enquête ouverte par le parquet de Paris le 1er octobre contre Eric Zemmour pour « injures publiques » et « provocation publique à la discrimination, la haine ou la violence » en transmettant au procureur « les éléments en sa possession », et notamment les saisines des téléspectateurs. (...)
Dans le passé, le CSA avait collaboré avec la justice en 2005 après des propos d’incitation à la haine raciale diffusés sur la chaîne iranienne Sahar1.
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Enfin, s’adressant sans la nommer à CNews, le régulateur a appelé les médias « à la responsabilité ». « La liberté d’expression ne saurait justifier la diffusion de propos susceptibles d’inciter à la haine ou aux discriminations », a tancé le Conseil. La veille, Eric Zemmour, déjà condamné pour provocation à la haine raciale à la mi-septembre, faisait encore scandale, justifiant des massacres algériens. « Quand le général Bugeaud arrive en Algérie, il commence par massacrer les musulmans, et même certains juifs. Et bien moi, je suis du côté du général Bugeaud », lançait l’essayiste. Un nouveau casse-tête en perspective pour le régulateur.