Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Reporterre
Kéziah, militant antichlordécone, tabassé par les forces de l’ordre puis accusé de violences
Article mis en ligne le 28 novembre 2020

En juillet dernier, Kéziah Nussier, 21 ans, était violemment passé à tabac par les forces de l’ordre lors d’une manifestation antichlordécone en Martinique. C’est pourtant lui qui est poursuivi pour de supposées violences envers les agents. Reporterre dévoile qu’il s’agit de faux témoignages. « L’objectif était de casser des jeunes qui ont le tort d’être contestataires », assure l’avocat du militant.

Le crâne fracassé, un œil crevé, le corps tuméfié : le 16 juillet dernier, Kéziah Nuissier, un militant antichlordécone, a été roué de coups de matraque et injurié à Fort-de-France, en Martinique, par des gendarmes mobiles et un policier. C’est pourtant lui qui comparaîtra devant le tribunal correctionnel de Fort-de-France pour des faits « de violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique ». Son « tort » ? Avoir cherché à protéger sa mère, frappée par un militaire au cours d’une manifestation contre la répression du mouvement anti-chlordécone. (...)

L’enquête de Reporterre révèle que des gendarmes et un policier ont menti dans leurs dépositions relatives à cette interpellation. Ils ont inventé des coups de poing envoyés par Kéziah à un adjudant-chef. « Cette affaire est un festival de monstruosités. Ce dossier se noie dans l’illégalité. Et au milieu de tout cela, il y a un jeune joueur de tambour, qui a commencé son militantisme par amour pour la Martinique », observe Me Eddy Arneton, l’avocat de Kéziah. (...)

Depuis plus de quinze ans, les citoyens se mobilisent pour réclamer vérité et justice. Ce n’est qu’en 2018 qu’Emmanuel Macron a reconnu le préjudice et promis des réparations. Ces promesses n’ont pas été tenues. Alors depuis novembre 2019, chaque samedi, des militants bloquent les accès aux supermarchés qui appartiennent aux planteurs, les grandes familles de békés, descendants des colons et des esclavagistes, considérés comme responsables de l’empoisonnement. Ces actions sont durement réprimées par les forces de l’ordre.

Même au milieu des gaz lacrymogènes et des grenades de désencerclement, le grand Kéziah, un mètre quatre-vingt-dix-sept, est connu pour jouer du tambour sans relâche, « pour accompagner les manifestants, leur donner la force », raconte-t-il au téléphone à Reporterre. Et pourtant, le 16 juillet 2020, le son de son tambour n’a pas résonné. « Une entreprise de démolition s’est enclenchée contre lui et, à travers lui, contre le mouvement antichordécone », dit Alex Granville, militant et membre du Komite 13 Janvié, qui revendique la légitimité de la lutte pour la réparation et la justice. (...)