
Les actions contre l’exploitation du gaz de schiste se multiplient dans le monde, pour obtenir des moratoires ou de nouvelles régulations. Alors que la Pologne, nouvel eldorado énergétique, est l’objet de toutes les convoitises, l’Afrique du Sud, la Suisse, la Suède ou l’État de New York ont décidé de mettre un frein à l’exploitation des gaz de schiste. Confortés par leurs succès, les opposants réclament aujourd’hui un moratoire international.
« Nous ne sommes pas des rats de laboratoire », protestent 250 manifestants qui déambulent dans les petites rues de Saint-Denis sur Richelieu au Québec en avril dernier. À quelques dizaines de kilomètres de Montréal, cette commune abrite l’un des 31 puits existants pour l’exploitation de gaz de schiste, au Québec. Les habitants craignent que ce puits, à 9 kilomètres de l’entrée du village, soit prochainement utilisé pour des tests de fracturation hydraulique, comme 18 autres avant lui.
Les collectifs citoyens, associations et scientifiques engagés contre l’exploitation des gaz de schiste au Québec ont dans un premier temps obtenu un moratoire. (...)
Pour Pierre Batellier, le risque est grand d’être mis devant le fait accompli : « une fois qu’il y aura eu multiplication des puits, pourquoi ne pas généraliser l’exploitation » ? Une situation que l’on pourrait retrouver en France prochainement, vu la loi édulcorée proposée à l’Assemblée nationale le 10 mai.
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Que ce soit au Québec ou en France, les lobbies gaziers et industriels utilisent souvent la même rengaine : « la France (ou le Québec) est le seul endroit au monde où l’on critique l’exploitation des gaz de schiste ». Rengaine qui s’avère aussi fausse que manipulatrice.
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Disposant des principales réserves au niveau européen, la Pologne pourrait devenir un nouvel eldorado énergétique. Cela lui permettrait d’assurer son indépendance vis-à-vis de la Russie, son plus grand fournisseur d’énergie actuellement. La Pologne pourrait devenir un des plus grands – voire le premier – producteurs de gaz en Europe. Dans le pays, les considérations énergétiques rencontrent les réalités géopolitiques : le plus fervent défenseur de l’exploitation des gaz de schiste est le ministre des Affaires étrangères. Les gaz de schiste, une revanche historique contre le voisin russe ? Voilà qui a de quoi séduire l’opinion publique. Les entreprises américaines ne s’y sont pas trompées : elles disposent de la majorité des 90 licences délivrées à ce jour. Et elles essayent d’obtenir une réforme du code minier, notamment sur la question des sous-sols, jusqu’ici propriété de l’État comme en France (...)
Les collectifs français appellent à ce que l’exploration et l’exploitation des gaz et huiles de schiste soient interdites « aussi bien en France qu’à l’étranger par les filiales d’entreprises françaises ». « Ni ici, ni ailleurs ! »(...)
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