L’objectif n°1 des gouvernants : éviter un nouveau krach financier et bancaire qui pourrait se révéler pire que celui de septembre 2008
Comme nous l’avons vu dans les parties précédentes, les grandes banques centrales (BCE, Banque d’Angleterre, Fed aux États-Unis, Banque nationale de Suisse) prêtent massivement aux banques à très bas taux d’intérêt afin d’éviter des faillites. Sans cette ligne de crédit illimitée, une grande partie des banques seraient en cessation de paiement. Sans l’intervention massive des banques centrales et des gouvernements, les grandes banques privées se seraient effondrées.
(...) Il serait naïf de penser que les banques mettent à profit les largesses des pouvoirs publics pour revenir à une gestion prudente des fonds qui sont mis à leur disposition tant par les États que par le public qui y dépose son argent. C’est un des points abordés dans cette partie.
Les crises font partie du métabolisme du capitalisme
Une crise dans le système capitaliste sert d’une certaine manière à remettre les pendules à l’heure : les bulles spéculatives éclatent et le prix des actifs |6| se rapproche de leur valeur réelle ; les entreprises les moins rentables font faillite, il y a destruction de capital |7|. Les crises font en quelque sorte partie du métabolisme du capitalisme.
Mais l’intervention des pouvoirs publics qui suivent les demandes des patrons des entreprises a évité jusqu’ici « l’assainissement », la purge du système capitaliste. Les victimes du côté de la majorité sociale se comptent par dizaines de millions tandis que du côté des responsables de la crise, il n’y a pas de véritable remise en ordre, les faillites de grandes entreprises sont très limitées, les banques n’ont pas assaini leurs comptes et de nouvelles bulles spéculatives se sont formées ou sont en cours de formation.
La faible quantité de faillites bancaires est attribuable à l’aide apportée par la BCE et les gouvernements de l’UE. Les États membres ont considéré que les banques étaient trop grosses pour tomber en faillite. (...)
Si un tournant radical favorable à la justice sociale n’est pas pris, la crise va se prolonger pendant de nombreuses années pour plusieurs raisons : le maintien d’une politique gouvernementale qui favorise les intérêts des grandes entreprises privées et qui s’attaque aux droits économiques et sociaux des populations |9| ; une demande publique et privée insuffisante ; des bulles spéculatives persistantes ; le maintien en vie d’entreprises non rentables, voire insolvables.
Voilà pourquoi il est important de mieux comprendre le rôle des banques en ouvrant leurs livres de comptes et en auditant les budgets des pouvoirs publics qui leur viennent en aide, en mettant en lumière leurs activités, en identifiant les raisons qui les font agir.
(...)
Cela conduit à deux propositions radicales :
– d’une part, obtenir l’annulation/répudiation de la dette publique illégitime et lancer une politique d’emprunt public favorisant la justice sociale, l’amélioration des conditions de vie, le rétablissement des grands équilibres écologiques ;
– d’autre part, socialiser le secteur bancaire sous contrôle citoyen, car il doit être soumis aux règles d’un service public |11| et les revenus que son activité génère doivent être utilisés pour le bien commun. D’autres mesures, comme l’arrêt des politiques d’austérité, sont évidemment tout à fait nécessaires |12| (...)
Quand on se lance dans l’analyse des banques privées, de leur comportement en tant qu’entreprises capitalistes, des motivations de leurs dirigeants et des principaux actionnaires, il est important de prendre en compte la course au rendement sur fonds propres pour comprendre comment les grands actionnaires et les dirigeants conçoivent la fonction d’une banque.
La notion de ROE (« Return on Equity », ou rendement sur fonds propres) constitue une clé de compréhension. (...)