
L’agriculture est le secteur le plus important de l’économie africaine par les moyens de subsistance qu’elle apporte et les futurs emplois qu’elle peut générer.
La recette de base pour améliorer les performances agricoles est bien connue : plus d’investissement, un meilleur accès à des services financiers, des semences améliorées et davantage d’engrais (appliqués judicieusement).
Ce que l’on a tendance à oublier, en revanche, c’est le rôle clé joué par les conseillers agricoles. Chargés de la vulgarisation des découvertes scientifiques auprès des agriculteurs, ils aident ces derniers à améliorer leurs connaissances et leurs compétences pour qu’ils puissent profiter des possibilités offertes par le marché. Dans les pays africains exposés aux aléas climatiques, la fonction de conseiller agricole est de plus en plus importante pour aider les paysans à s’adapter et à accroître leur résilience.
Le problème, c’est que les gouvernements ont tendance à faire peu de cas de ces agents de vulgarisation.
« Les prestataires de services de conseil agricole ont un rôle énorme et urgent à jouer, surtout depuis que [l’imprévisibilité du] changement climatique a apporté une nouvelle dimension à la recherche et au développement agricoles », a dit à IRIN Max Olupot, du Forum africain pour les services de conseil agricole.
Qureish Noordin, de l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA), a quant à lui averti que la variabilité du climat faussait « une grande partie des connaissances autochtones », compliquant encore davantage la conception de « programmes d’adaptations réalistes et pratiques ».
En Afrique, l’agriculture manque cruellement de budget. (...)
Ces deux dernières décennies, le Fonds monétaire international a poussé les gouvernements à sabrer leurs dépenses, ce qui a réduit l’accès des petits producteurs aux services de conseil et a affecté la qualité de ces derniers.
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture recommande un conseiller agricole pour 400 paysans. Dans les pays riches, le ratio est d’un pour 200 environ, mais en Afrique, selon M. Noordin, il s’approche plus d’un pour 3 000. (...)
L’utilisation des smartphones se généralise, mais tous les petits agriculteurs n’ont pas les moyens de payer les frais de transmission de données liés au téléchargement de vidéos de YouTube présentant les techniques les plus récentes. Par ailleurs, peu de vidéos existent en Kiswahilli, la langue la plus parlée au Kenya.
Nouvelles méthodes
D’autres solutions existent.
Dans de nombreux pays, les services de vulgarisation agricole opèrent, par nécessité, de profonds changements. Ce qui était un modèle descendant, contrôlé par les gouvernements centraux, devient plus participatif et est davantage mené par les agriculteurs eux-mêmes et axé sur les débouchés commerciaux.
Farm Africa est une organisation non gouvernementale (ONG) internationale travaillant avec les agriculteurs d’Afrique de l’Est depuis plusieurs dizaines d’années. Sa démarche comprend un modèle de conseils de paysan à paysan, dans le cadre duquel des agriculteurs « d’élite » sont formés et transmettent ce qu’ils ont appris à leurs pairs. L’ONG met également en place des partenariats avec le secteur privé. (...)