
C’est l’histoire de villageois qui osent s’opposer à la plus riche famille du Chili. Après avoir asséché une vallée avec la construction d’une méga-décharge, le consortium minier Antofagasta, domicilié à Londres mais appartenant à la famille chilienne Luksic, intente un procès contre le comité de défense du village des Caimanes. Les villageois sont accusés d’ « association illicite » pour s’être opposés à la dévastation environnementale.
Le procès débute le 7 juin. (...)
Le réservoir-décharge atteint près de 300 mètres de hauteur. Il est constitué de boue compactée recélant 2 700 millions de tonnes de déchets produits par la mine Los Pelambres au Chili. A tout moment, cet immense édifice de déchets miniers risque d’ensevelir la vallée, mettant en péril la vie de ses habitants. Alors que les villageois de Caimanes dénoncent depuis des années la pollution et la spoliation de l’eau, les dirigeants de l’entreprise minière Los Pelambres ont choisi de mobiliser pouvoirs et moyens financiers afin de museler les voix qui ont osé se lever contre elle et tenter de mettre en prison ceux qu’elle n’a pu acheter. L’objectif, asseoir impunément le droit de contaminer librement au nom de la course au profit, en attaquant les défenseurs de l’environnement et des droits humains.
Derrière ce procès peu banal, des villageois vont s’affronter à la toute puissance de géants financiers. (...)
Face à cette situation, bien loin de tenter de réparer les dommages causés, l’entreprise s’emploie à diviser pour mieux régner, distribuant emplois précaires et menus bénéfices à tous ceux qui vont dans son sens et les refusant aux autres. Elle décharge ainsi l’Etat de ses responsabilités sociales, en offrant par exemple en grandes pompes une ambulance au village. (...)
Le 7 juin prochain commence un procès qui fera date. Il aura lieu à Ovalle (Chili), à près de 200 km de Santiago, et verra s’affronter un petit village contre la plus grande fortune du pays disposant d’une centaine d’avocats et de ressources financières illimitées. Les dirigeants de la mine Los Pelambres accusent le dirigeant du Comité de Défense de Caimanes et ses avocats « d’association illicite ». Oui, s’opposer à la dévastation environnementale aujourd’hui est considéré comme une association illicite ! Le droit à vivre dans un environnement sûr et non contaminé, et le droit à se défendre sont aujourd’hui menacés. (...)
Outre les conséquences directes sur les parties attaquées, les peines de prison et la perte de titres pour les avocats, le groupe Luksic vise à empêcher que le véritable procès, intenté par les avocats contre la mine, se réalise. L’objectif est d’intimider, voir de museler la défense pour que les délits environnementaux et la privation de droits des habitants de Caimanes soient étouffés. Espérons qu’au contraire ce procès sera l’occasion de mettre à nu les pratiques prédatrices et illégales de telles entreprises. (...)