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Assez de reculades ! Sortir du glyphosate est tout à fait possible
Joël Labbé est sénateur du Morbihan
Article mis en ligne le 1er février 2019

Le 24 janvier, Emmanuel Macron a déclaré qu’il ne pensait pas possible de sortir du glyphosate d’ici trois ans, mettant en cause la concurrence internationale. Il s’agit d’un recul sur sa promesse initiale, qui jette le doute sur la réalité de son engagement.

Si cette déclaration est décevante, elle n’est pas pour autant surprenante. Rappelons qu’il avait déjà reculé en refusant d’inscrire cette interdiction dans la loi dite EGalim [1]. L’argument utilisé était alors que l’engagement volontaire des acteurs serait plus efficace, et que la parole présidentielle suffirait à mobiliser l’ensemble des filières. Une position bien illusoire quand on sait que les plans Ecophyto successifs se sont jusqu’à présent soldés par des échecs

Les lobbies ont repris la main. La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA, le syndicat agricole majoritaire) n’a eu de cesse de répéter qu’il n’y avait pas d’alternative à cet herbicide, Emmanuel Macron lui donne aujourd’hui raison.

Si cette interdiction est nécessaire, elle est aussi possible
C’est pourtant d’une interdiction réelle, claire et contraignante du glyphosate dont nous avons besoin. Des dérogations pourraient certes y être accordées, mais de manière exceptionnelle, et pour une durée très limitée.

Car, il y a urgence à interdire cet herbicide. Les preuves de la nocivité du glyphosate s’accumulent. Et ce, malgré les méthodes des firmes pour masquer la toxicité de leurs produits, aujourd’hui exposées en pleine lumière, à l’heure du scandale des Monsanto Papers, et des révélations sur les rapports « indépendants » de l’Agence européenne de sécurité des aliments, en réalité copie conforme des dossiers produits par les firmes d’agrochimie. On connaît donc désormais les risques du glyphosate pour la santé humaine, et pour l’environnement.

Si cette interdiction est nécessaire, elle est aussi possible. Les solutions existent, elles sont, pour la plupart, déjà là. L’Institut national de la recherche agronomique (Inra) estime possible, dès aujourd’hui, une sortie du glyphosate pour 80 à 90 % des usages. Il faut pour cela amorcer la transition vers des changements de systèmes, par l’allongement de la durée des rotations, la diversification des cultures, l’utilisation de semences adaptées… De nombreux agriculteurs appliquent déjà avec succès ces techniques sur le terrain. Cette transition doit cependant être accompagnée par de réels moyens (...)

De plus, il existe aussi des solutions pour échapper aux distorsions de concurrence avec les autres pays qui continueraient à utiliser cette molécule : la France peut être un moteur pour entraîner avec elle l’Europe vers la sortie des pesticides. C’est ce qui s’est passé pour les néonicotinoïdes (...)

La France se doit aussi d’être un leader de la relocalisation de l’alimentation, seule solution pour faire face aux enjeux environnementaux, et garantir un revenu aux agriculteurs. Nous avons donc des solutions à portée de main, si notre pays choisit de s’en donner les moyens.

La pression citoyenne joue ici tout son rôle (...)