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Inondations en Libye : les besoins des femmes de Derna négligés
#Libye #inondations #femmes #inégalités
Article mis en ligne le 12 octobre 2023
dernière modification le 11 octobre 2023

Les besoins spécifiques des femmes après les inondations meurtrières qui ont frappé la Libye ne sont pas suffisamment pris en compte, s’inquiètent des experts en santé publique

Les experts préviennent que les femmes qui ont survécu aux inondations provoquées par la tempête Daniel en Libye n’ont pas reçu de soins appropriés et sont « presque invisibles » en dépit des efforts d’aide.

Près d’un mois après la catastrophe, qui a fait plus de 4 000 morts et plus de 10 000 disparus, les femmes ont toujours difficilement accès aux produits d’hygiène féminine et aux installations sanitaires.

Quelque 16 000 personnes ont été déplacées à Derna et dans ses environs et de nombreux survivants ont été contraints d’installer des tentes devant ce qu’il reste de leurs maisons.

Alors qu’une grande partie des infrastructures médicales de l’est de la Libye a été gravement endommagée par la tempête, les centres de soin qui étaient déjà débordés avant la tragédie se retrouvent encore plus sous pression. Par conséquent, fournir des soins de santé et satisfaire les besoins des femmes est particulièrement difficile.

Selon Alex Gray, responsable des fonds internationaux au Center for Disaster Philanthropy, une ONG humanitaire américaine, les femmes sont parmi les plus touchées lors de catastrophes naturelles. (...)

« De nombreuses organisations proposent des ‘’kits de dignité’’ aux femmes, mais les gens ne savent pas ce qu’ils contiennent ni à quel effet ils sont donnés. Cela signifie donc également que les gens ne peuvent pas vérifier ce qu’ils contiennent.

« J’ai par ailleurs remarqué que les organisations ne réfléchissent pas à ce qui convient aux femmes en matière de vêtements. Par exemple, les femmes ont besoin de sous-vêtements spécifiques comme des soutiens-gorge, surtout si elles sont enceintes, et il est inutile de leur donner des serviettes hygiéniques si elles n’ont pas de sous-vêtements sur lesquels les coller », explique-t-elle.

« Ces catastrophes vont continuer à se produire et elles vont s’aggraver, nous devons donc vraiment faire mieux. J’ai l’impression que davantage d’organisations doivent mettre en place une politique ou travailler aux côtés de spécialistes pour réfléchir à une politique qui pourrait être rationalisée puis adaptée aux différentes populations. » (...)

Hajar Darwish prévient que si les normes en matière d’aide aux femmes en situation post-catastrophe ne s’améliorent pas, cela pourrait avoir de graves conséquences.

« En ce qui concerne les femmes déjà enceintes, si elles ne disposent pas d’installations sanitaires propres, toute infection pourrait se propager jusqu’au fœtus, ce qui est susceptible d’entraîner de graves complications pour la femme et l’enfant à naître », prévient-elle. (...)

« Accéder à des produits menstruels dans certains pays d’Afrique du Nord est l’une des choses les plus gênantes à faire, c’est tellement humiliant. Les produits ne sont jamais exposés ; les acheter, c’est comme faire quelque chose d’illégal, et leur qualité est médiocre » (...)

« La honte et l’embarras comptent parmi les problèmes les plus importants, car les femmes ne sont pas en mesure de se laver et les produits sont jetés dans la rue, ce qui pourrait provoquer des infections.

« Cela peut aussi entraîner de l’anxiété voire une dépression. La santé mentale des femmes risque de se détériorer car elles doivent s’inquiéter de la date à laquelle leurs règles arriveront, et, quand elles arriveront, du fait de ne pas y être préparées », ajoute-t-elle. (...)

« Les interventions qui donnent accès à des femmes thérapeutes et à un soutien psychosocial dans des espaces sûrs constituent un bon investissement lors de situations post-catastrophe comme celle que connaît la Libye et sont nécessaires dès à présent » (...)

Selon Alex Gray, mettre sur pied des équipes composées de femmes issues du même milieu culturel que les personnes concernées contribuerait à garantir la rapidité et l’efficacité des évaluations des besoins.

« Nous devons garantir que les voix des femmes modèlent les programmes et la fourniture d’aide et d’assistance qui les concernent. »