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« Vas-y tiens l’écarteur comme t’écartes les cuisses ! » : il est temps d’en finir avec les violences sexistes et sexuelles à l’hôpital
#MeToo #hopital #femmes #agressionssexuelles #sexisme
Article mis en ligne le 13 mai 2024
dernière modification le 12 mai 2024

En 2020, suite à la cérémonie des césars, Virginie Despentes a publié une tribune dans ce même journal : « Désormais on se lève et on se barre ». Aujourd’hui, en 2024, à l’Hôpital, nous voulons affirmer : « Désormais on se relève, on reste, et on en finit avec l’impunité ». Plus jamais il ne devra être dit qu’on parle mais que vous n’entendez pas.

Nous tous⸱tes, médecins, infirmier⸱es, aides-soignant⸱es, personnels administratifs travaillons et avons été formé⸱es à l’Hôpital et nous y sommes attachés.

Pourquoi ? Pour prendre soin de l’autre. Travail visible ou invisible, qu’avons-nous en commun ? D’avoir découvert dès notre premier pas dans ce tout petit monde que pour pouvoir nous former, pour pouvoir exercer notre métier, nous allions devoir subir les violences sexistes et sexuelles quasi institutionnelles.

De quoi parle-t-on ? D’un système. Là aussi, comme au cinéma, on rigole, ce n’est pas grivois, c’est « l’esprit carabin ! ». Il y aura donc toujours une excuse aux comportements subis ! L’esprit carabin, cette particularité soi-disant folklorique des études médicales françaises permettrait donc d’entendre quotidiennement des phrases comme : « Vas y tiens l’écarteur comme t’écartes les cuisses ! », « Faut pas faire l’effarouchée ! », « Ben quoi, t’es belle et j’ai envie, tu devrais être flattée », « OK, je te prends comme cheffe de clinique si tu t’engages à ne pas tomber enceinte ! ».

Et plus récemment « maintenant avec #MeToo, on peut plus rien faire… ». Pourtant si, vous faites. Subir, être témoin et se taire. Cautionner et sourire. Surtout ne pas passer pour des victimes dans ce monde ou pour être respecté il faut être fort et dur.

L’ampleur de la tâche est immense (...)

Comment faire pour impulser des changements ? Il faut d’abord un état des lieux et la reconnaissance de l’ampleur du problème. Il faut identifier les verrous de parole, les faire sauter et sanctionner les personnes qui se considèrent comme intouchables.
Ce système pénalise toute personne sous la coupe de certains mandarins

Les institutions ont un devoir de protection et doivent réformer les systèmes qui permettent ces abus de pouvoir. Elles doivent favoriser la prise de parole, la consignation des plaintes, avertir, voire sanctionner, les personnes ciblées par des plaintes et non les exfiltrer, puis les déplacer dans une autre structure ou elles risquent de sévir à nouveau. Pour protéger les étudiant·es en santé d’aujourd’hui et de demain, il nous faut mettre les agresseurs face à leurs actes d’une part, et soutenir les victimes qui doivent être épaulées et entendues d’autre part. (...)

La misogynie de notre société ne s’arrête pas à la porte des hôpitaux. Soignant⸱es, administratif⸱ves, patient⸱es, relevons-nous pour pouvoir dire ensemble : « Adieu impunité ! ».

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