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Mediapart
1974, René Dumont et l’irruption de l’écologie politique
#ecologiepolitique #ReneDumont
Article mis en ligne le 14 mai 2024
dernière modification le 10 mai 2024

Il y a 50 ans, l’écologie a bénéficié pour la première fois d’une audience nationale à travers la candidature de René Dumont. Le journaliste Arthur Nazaret retrace cet événement dans un livre qui insiste sur son caractère visionnaire.

Le 2 mai 1974, dans la dernière ligne droite d’une campagne présidentielle très courte (un mois, après le décès de Georges Pompidou), le candidat écologiste René Dumont apparaît dans un reportage de « Nord Actualités ». À Lille (Nord), après une manifestation à vélo contre la pollution de la Deûle, l’ingénieur agronome critique l’extension d’une route qui menace un bois.

« Je demande aux Français de se dresser physiquement devant tous les chantiers d’autoroutes et d’empêcher les bulldozers de passer », lance-t-il. Cette consigne novatrice – qui suggère une façon de militer que les Soulèvements de la terre, opposés à l’A69, ne renieraient pas aujourd’hui – témoigne du caractère précurseur du septuagénaire.

Dans Le Prophète qui avait raison. La présidentielle de René Dumont (Seuil/Reporterre, parution le 10 mai), le journaliste politique Arthur Nazaret retrace son irruption imprévue dans le débat public, qui a donné naissance à l’écologie politique. À l’époque, celle-ci est encore protéiforme et ultraminoritaire dans les esprits. « Les écologistes n’ont ni parti, ni argent, ni programme, ni professionnel de la politique », résume l’auteur.
René Dumont le 17 avril 1974.

L’écologie existe à travers des journaux culturels contestataires comme La Gueule ouverte, Actuel ou Le Sauvage, émanation du Nouvel Observateur ; des intellectuel·les comme Théodore Monod (qui avait refusé d’être candidat en 1974), Françoise d’Eaubonne ou Serge Moscovici ; ou encore quelques associations comme Les Amis de la Terre ou la puissante Fédération française des sociétés de protection de la nature (FFSPN). (...)

1974 est aussi une année charnière du point de vue de l’émergence d’une conscience écologique. (...)

le Club de Rome vient de remettre un rapport qui fera date, dénonçant trois dangers : la pollution, l’épuisement des ressources naturelles et la surpopulation. (...)

Le Prophète qui avait raison. La présidentielle de René Dumont, d’Arthur Nazaret, Seuil/Reporterre, 240 p., 13,50 euros

Le diagnostic était posé. Les causes de la crise écologique identifiées. Et tout le monde s’est moqué de lui.

Il y a cinquante ans, la campagne présidentielle d’avril 1974 a vu René Dumont lancer ses fusées de détresse dans le désert. Cet agronome mondialement connu s’est retrouvé sur le devant de la scène, presque par hasard. Fantasque, érudit et théâtral, celui qui allait devenir le tout premier candidat vert -à pull rouge- alertait : notre civilisation allait « s’effondrer ». Le choix était simple : « l’écologie ou la mort. » (...)

En revenant, presque jour par jour, sur cette campagne prémonitoire, ce livre restitue non seulement un moment institutionnel mais aussi une époque, celle de la naissance de l’écologie politique.