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SOS homophobie : un rapport toujours plus alarmant
#homophobie
Article mis en ligne le 21 mai 2024
dernière modification le 19 mai 2024

Née le 11 avril 1994, l’association SOS homophobie vient tout juste de passer le cap des 30 ans. On voudrait pouvoir fêter dignement cet anniversaire – tant de combats ont été remportés ! – mais la fête a un goût bien amer car force est de constater : 30 ans plus tard la haine contre les personnes LGBT+ n’a pas cessé de se diffuser, et elle continue même de prospérer.

Un climat de plus en plus délétère

Traditionnellement publié depuis 1997 à l’occasion de 17 mai, Journée mondiale de lutte contre les LGBTIphobies, le rapport de l’association alerte en effet sur un climat « de plus en plus délétère ». Les témoignages recensés, en hausse, de 1506 sur l’année 2022 ils sont passés à 2085 sur l’année 2023, attestent d’une dégradation de l’environnement, le rapport identifiant sur l’année 2023 « 2 377 cas de LGBTIphobies reçus par l’association via ses dispositifs d’écoute et de soutien aux victimes ». Chiffre certainement en deçà de la réalité « compte tenu des difficultés à porter plainte, à sortir du secret des expériences de rejet et de discrimination ou à mettre des mots sur des situations complexes ».

Le rapport s’alarme notamment d’une « libération » toujours plus inquiétante de « la parole LGBTIphobe » et attire l’attention sur l’augmentation de 23% de la « haine en ligne », car si l’espace numérique a pu apparaitre un temps comme « relativement sécurisé pour les personnes LGBQTI, Internet est devenu aujourd’hui un relais de messages LGBTIphobes et une prolongation du harcèlement et des discriminations vécu·es dans le réel. ». La transphobie en particulier, toujours en augmentation, s’y manifeste pour « un quart des cas recensés sur l’année 2023 ».

Les LGBTIphobies : tous les jours et partout

Rejet, insultes, harcèlement, menaces, crachats, jets d’objets … les agressions, les violences verbales et physiques continuent de rythmer « la vie et le quotidien des personnes LGBTQI (...)

La grande diversité à travers laquelle se sont manifestés pour l’année 2023 ces cas de LGBTIphobies recensés par l’association est par ailleurs édifiante, car elle recouvre « toutes les strates de la vie quotidienne des personnes LGBTI » : des commerces et services, à la famille et à l’entourage proche, des lieux publics aux médias, de la police à la justice, de la politique à la religion, de la santé au sport, du travail au voisinage, à tel point, conclut non sans amertume le rapport, qu’il semble « encore aujourd’hui difficile d’affirmer qu’il existe des lieux, des espaces, où les personnes LGBTI peuvent ne pas subir de LGBTIphobies. ».

L’école : entre homophobie ordinaire et homophobie systémique (...)

malgré les efforts entrepris notamment dans la lutte contre le harcèlement, l’école est loin du compte. En 2023, 94 cas de LGBTIphobies en milieu scolaire ont été rapportés. Subies dans la majorité de cas par des personnes mineures, celles-ci sont exercées par des élèves, ou des parents, mais aussi par des professeur·es ou des membres de la direction. Elles se concentrent dans les lycées et les collèges, même si on les rencontre aussi dans les études supérieures et les formations professionnelles. (...)

Or face aux actes LGBTIphobes, qu’ils touchent la communauté éducative ou les élèves, même lorsqu’ils ont été dénoncés, le système scolaire répond trop souvent par le silence et l’inertie. Ce fut le cas pour Maëlys adolescente lesbienne de 14 ans en Bourgogne qui a fait selon sa mère, « les frais d’un dysfonctionnement global du système éducatif » les appels à l’aide lancés par sa famille à l’école n’ayant pas été entendus, et qui a fini par être déscolarisée ; ou de Mehdi, jeune collégien de 13 ans qui, constamment insulté, s’est confié au « CPE de son établissement qui lui a répondu ne rien pouvoir faire sans preuve ».

Ce sont pourtant toutes ces violences qui conduisent « chaque année des élèves comme des professionnel·les à la dépression, voire au suicide » ; et c’est contre ce fléau qu’il est urgent d’agir avec détermination, et sans attendre. (...)