
Dans le domaine de la protection sanitaire et sociale, les décisions prises par les gouvernements libéraux qui se sont succédé depuis une décennie ont consisté à faire basculer le système collectif solidaire mis en place à la libération, vers un dispositif assurantiel privé. Les quelques semaines écoulées démontrent une accélération des atteintes à ce que certains nomment notre pacte social.
Sans qu’il s’agisse d’un début, car la liste des exactions commises en la matière est longue et ancienne, les amendements à la dernière loi sur le financement de la protection sociale présentés par le sénateur Fourcade (UMP) ont dépouillé le texte originel des timides dispositions qui tentaient de « moraliser » un dispositif sanitaire doté de forces centrifuges agressives au regard de l’intérêt collectif (...)
En résumé, l’affirmation d’un libéralisme débridé au profit du secteur ambulatoire privé qu’il convient de comparer aux dégradations perpétrées à l’encontre du service public (voir la situation des hôpitaux publics). (...)
La stratégie gouvernementale de « basculement » vers un système assurantiel consiste à réduire la couverture sociale obligatoire (la Sécu), ce qui entraîne mécaniquement un report sur les assurances complémentaires composées de mutuelles, d’organismes de prévoyance et de sociétés d’assurances, ces trois acteurs s’affrontant désormais dans une course aux parts d’un marché de plus en plus juteux.
Toutefois, pour ne pas trop alourdir les charges de ces partenaires du « marché » et, conformément à la logique bestiale de la « responsabilité individuelle », il faut pénaliser les consommateurs qui s’abandonnent lâchement à la maladie. Il convient donc de transférer une partie de la charge des frais de santé sur les ménages. Tant pis si une partie de la population y perd la capacité de se soigner. (...)
Pour ceux qui auraient la légèreté de ne pas se sentir concerné, il faut immédiatement leur rappeler que ce qui augmente les dépenses des systèmes d’assurance privés, se traduit automatiquement par une augmentation du coût des contrats. En conséquence, les assurés paieront plus cher une couverture financière qui n’aura pas augmenté ! (...)
Parmi d’autres graves lacunes, la protection sociale est dramatiquement carencée pour la dépendance des personnes âgées. (...) Wikio