
Les pharmaciens sont en colère. Depuis la fin du mois de juin et l’annonce du gouvernement de réduire les remises commerciales sur les médicaments génériques, les propriétaires d’officines craignent des fermetures et des licenciements en masse. 52% des pharmacies pourraient ainsi disparaître dans les cinq prochaines années.
Fin juin, le gouvernement a annoncé vouloir réduire les remises commerciales dont bénéficient les officines sur les médicaments génériques. Auparavant de 40%, elles seraient progressivement réduites jusqu’à 20 % en 2027.
Une décision qui menace directement les pharmacies qui craignent de mettre la clé sous la porte, faute de pouvoir générer des marges suffisantes pour assurer leur fonctionnement.
Comment est calculé le prix d’un médicament ?
Comme pour tout produit, le prix d’un médicament résulte d’une chaîne de vendeurs et d’acheteurs. Fabriqués par les laboratoires, les médicaments sont vendus à des grossistes répartiteurs, qui stockent et livrent les médicaments aux pharmacies. Ces dernières achètent donc les médicaments aux grossistes et les revendent ensuite aux patients. (...)
En quoi consistent les remises commerciales ? (...)
Prenons l’exemple d’un médicament affiché à 20 euros pour un patient. Le grossiste propose un prix de 18 euros à la pharmacie. Avant, il proposait également une remise de 40 %, soit donc 7,20 euros. La pharmacie payait donc 10,80 euros. Avec la nouvelle mesure qui réduit à 30%, elle paiera 12,6 euros. Cela représente donc une dépense supplémentaire d’1,80 euros par boîte de médicament. (...)
Avec cette mesure, le gouvernement espère jouer sur plusieurs leviers et ainsi réaliser des économies estimées à 500 millions d’euros. (...)
en réduisant les marges des pharmacies, ces dernières accepteront moins facilement des hausses de prix, contraignant ainsi les laboratoires et les grossistes à limiter, voire réduire leurs prix. De cette manière, le gouvernement pourrait ensuite envisager une baisse du remboursement qui serait indexée sur la baisse des prix des médicaments et ainsi générer des économies.
L’autre levier concerne le choix des médicaments proposés et leur quantité. La Sécurité sociale remboursant une grande partie des médicaments, l’Etat espère que la baisse des remises qu’il peut considérer comme un argument de vente, va pousser les pharmaciens et les grossistes à réduire leurs dépenses dans ces médicaments remboursés en limitant les volumes de vente.
Quelles conséquences pour les pharmacies ?
Depuis l’annonce de la mesure, de nombreux pharmaciens en France se sont mis en "grève de la garde" : ils refusent ainsi d’assurer l’ouverture de leur pharmacie sur leur jour de garde. Une mobilisation presque invisible, les préfets ayant "réquisitionné" les pharmaciens.
Pour eux, la réduction de ces marges entraînerait des effets délétères multiples. "Cette marge nous permet d’accomplir des missions gratuites que l’on fait tous les jours comme la préparation des piluliers pour les Ehpad ou faire les vaccins", explique Anne-Sophe Lassabe, pharmacienne à Blanquefort, en Gironde. (...)
Ces marges représentaient en moyenne, 80 % des frais de fonctionnements de la plupart des officines. Sans ce budget, certaines envisagent déjà de réduire leur masse salariale. "Il y a un risque que je licencie", confirme la pharmacienne. Au total, entre 20 000 et 30 000 emplois seraient menacés par la mesure. (...)
Pour faire entendre leur voix, les organisations de pharmaciens (FSPF, USPO, UNPF ou encore Federgy et UDGPO) ont annoncé plusieurs mouvements : une fermeture des officines le 18 septembre et chaque samedi à partir du 27 septembre, ainsi qu’une grève du tiers payant. Les patients devront alors faire l’avance des frais avant de se faire rembourser par la Sécurité sociale, via une feuille de soins à envoyer.
Vers une dégradation du système de soins ?
En Nouvelle-Aquitaine, plusieurs centaines d’officines pourraient fermer sur les 2 000 que compte la région. Des fermetures en chaîne qui engendreraient, selon les praticiens, des "déserts pharmaceutiques". "Nous sommes la dernière profession médicale dont le maillage permet de voir facilement un professionnel de santé, alerte François Martial. Souvent, nous conseillons les patients pour les rediriger ou non vers un médecin."
Selon un sondage UPSO, réalisé en juin, 52 % des pharmacies envisagent de fermer leurs portes dans les cinq prochaines années. Les secteurs ruraux, où les officines sont déjà les plus précaires seraient les premières touchées. (...)
Pour celles qui réussiraient à survivre, les professionnels craignent une aggravation des pénuries de médicaments. "Si on baisse les prix, les laboratoires vont préférer vendre leurs médicaments ailleurs et on va avoir des patients en détresse, car certains médicaments n’ont pas d’équivalent, alerte Anne-Sophie Lassabe. Nous sommes déjà confrontés à des pénuries, notamment de psychotropes et certains patients ont décompensé suite à une rupture de stocks de leur médicament." (...)
– Non aux déserts pharmaceutiques ! Pétition
Le problème
De plus en plus de pharmacies ferment chaque année : 1 pharmacie sur 3 est déjà menacée
Moins de pharmacies, moins de soins, moins d’accompagnement : votre santé est en danger.
Le Gouvernement privilégie l’industrie pharmaceutique (big pharma) et leurs actionnaires au détriment de la pharmacie de proximité.
❌NON à l’abandon des patients
❌NON aux pénuries de traitements
❌NON au doublement des franchises médicales et à leur encaissement en pharmacie
✅OUI à une pharmacie accessible et indépendante partout en France
✅OUI à un service pharmaceutique de qualité
✅OUI à des produits de santé au juste prix
Signez la pétition pour défendre votre pharmacie, vos traitements et surtout votre santé.
Lire aussi :
– (le Quotidien du Pharmacien)
Mobilisation du 16 août : combien de pharmacies seront-elles fermées ?
L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) appelle les officinaux à fermer leurs établissements le samedi 16 août pour protester contre l’arrêté sur les remises génériques et exprimer le ras-le-bol plus général d’une profession épuisée et inquiète pour son avenir. Selon les chiffres du syndicat et un sondage mis en ligne sur le site du « Quotidien du pharmacien », le mouvement s’annonce suivi.
« Fermer un jour pour ne pas fermer pour toujours », c’est le slogan choisi par l’USPO, qui appelle depuis plusieurs jours les pharmaciens à baisser le rideau le samedi 16 août. Une action décidée en réaction à la décision du gouvernement d’abaisser le plafond de remise sur les génériques, mesure confirmée par un arrêté publié dans le « Journal officiel » du 6 août. « La fermeture du samedi 16 août s’impose comme une nécessité », juge aujourd’hui l’USPO. « L’accès limité aux pharmacies du jeudi soir (14 août) au lundi matin (18 août) vise à illustrer auprès du grand public et des décideurs politiques l’impact que représenterait la disparition des pharmacies de proximité. Cette journée symbolique doit alerter sur l’impact concret d’un désert pharmaceutique, sans pénaliser les patients : l’objectif est politique, pas punitif », résume le syndicat, qui insiste sur le fait que cette journée de fermeture « n’est pas une grève », au moins sur le plan juridique et administratif. (...)