
La psychiatrie est associée à des clichés qui bien souvent nous effraient. La réalité est pourtant bien différente. Jean-Pierre Olié, grand psychiatre français, remet un peu les pendules à l’heure à quelques mois de la mise en place d’un nouveau Plan Santé mentale.
Très souvent dans l’inconscient collectif, la psychiatrie est associée à l’image de camisoles, de blouses blanches portées par de solides gaillards chargés de contrôler des malades agités. Vol au dessus d’un nid de coucou est la traduction contemporaine d’une image d’Épinal tenace.
La discipline reste mal comprise. Et par là même, elle inquiète souvent. De la libération des fous par Philippe Pinel à la fin du XVIIIe siècle aux Plans Santé mentale d’aujourd’hui, comment avons-nous évolué ? Jean-Pierre Olié, membre de l’Académie nationale de médecine et chef de service de psychiatrie à l’hôpital Sainte-Anne à Paris, nous emmène pour une visite guidée d’un genre inhabituel... (...)
Vivons-nous une marche arrière de plus de deux siècles, une sorte de flashback de la médecine qui par certains aspects, évoque un retour vers une forme d’exercice carcéral ? Est-ce un regain d’indifférence envers ceux qui souffrent de troubles mentaux ? Jean-Pierre Olié y voit plutôt « un signe de la dureté de notre société, qui a du mal à comprendre la théorie psychanalytique ».
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« Il n’y a pas de malade dangereux, affirme Jean-Pierre Olié. Il existe, en revanche, des états mentaux porteurs de dangerosité. » Une impression de jouer sur les mots ? Pas vraiment. L’Académicien explique les trois conditions qui génèrent la dangerosité :
– une maladie psychiatrique non diagnostiquée, et donc non traitée ;
– une association entre maladie mentale et produits toxiques (alcool, cannabis…) ;
– et enfin l’état d’isolement du malade mental. (...)