
Chaque minute, un enfant meurt du paludisme. Pourtant, des médicaments existent. Et la perspective d’un vaccin se rapproche.
L’humanité parviendra-t-elle, dans les prochaines décennies, à se défaire du paludisme ? De ce point de vue, l’année 2011 aura été celle de tous les espoirs sur le plan scientifique : essais de vaccin encourageants ; cibles thérapeutiques révolutionnaires ; identification d’un facteur de protection contre le paludisme, etc. Les chercheurs peuvent enfin se montrer optimistes.
Dans son rapport de 2011 sur le paludisme, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) souligne le recul majeur de la maladie sur l’ensemble du globe. Si le nombre total de cas n’a que légèrement diminué — de 233 millions en 2000 à 216 millions en 2010 —, le nombre de morts passe, lui, de 985 000 à 655 000. Dans onze pays d’Afrique, ainsi que dans trente-deux des cinquante-six pays endémiques hors de l’Afrique, le nombre de cas confirmés, d’hospitalisations ou de décès est divisé par deux.
Cependant, la pandémie concerne encore la moitié de la population mondiale. (...)
Très efficace et facile à utiliser, l’artémisinine est aujourd’hui le dernier rempart contre la maladie ; mais les spécialistes s’inquiètent déjà de premiers signes de résistance, confirmés en 2009 à la frontière du Cambodge et de la Thaïlande. Pour retarder au maximum cette échéance, le médicament n’est distribué que sous forme de combinaison, en association avec un autre traitement antipaludéen. « Si, dans les dix ans à venir, les résistances à l’artémisinine atteignent le continent africain, nous n’aurons pas d’autre médicament à proposer », s’alarme le professeur François Nosten, créateur de l’unité de recherche sur le paludisme Shoklo Malaria Research Unit (SMRU), qui a son siège en Thaïlande.
(...)
Longtemps ralentie par le manque de perspectives commerciales, la recherche de nouveaux traitements a été relancée en 2002 par l’ambitieux programme d’achat de médicaments du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Ces bons résultats ont débouché sur un nouveau système de financement destiné à élargir l’accès aux traitements. (...)
D’autre part, en novembre dernier, plusieurs publications ont ouvert de nouvelles voies thérapeutiques prometteuses. (...)
La majorité des chercheurs et des intervenants sur le terrain insistent sur le fait que le vaccin n’est pas, à l’heure actuelle, la solution à la pandémie de paludisme. Bien utilisés, les outils de prévention, de diagnostic et de traitement disponibles doivent rester les principaux moyens d’action. Mais cette lutte est autant scientifique que politique, et la question de la répartition des fonds, en baisse dans un contexte de crise économique, prend une importance cruciale.
(...)