
Pain bio ou pétri de chimie, pâtisserie industrielle ou artisanale : comment reconnaître une bonne boulangerie ?
(...) Difficile de s’y retrouver en matière de boulangerie ou de pâtisserie ! Basta ! est allé à la rencontre de trois boulangeries pour tenter de comprendre à quoi correspondent les différents labels et comment se fabrique un pain de bonne qualité, respectueux de l’environnement... et du métier de boulanger. Réponse en cinq questions.
Des terminaux de cuisson qui ont pignon sur rue ; des grandes surfaces qui vendent du pain chaud toute la journée, une baguette à 39 centimes d’euros ou du pain artisanal ; des entreprises industrielles qui abreuvent le marché de produits parfois standardisés ; des franchises qui connaissent un véritable âge d’or ... et de petites boulangeries artisanales subissant de plein fouet la concurrence.
La boulangerie française est en pleine mutation. Que certains qualifient de crise. On compte actuellement 32 000 entreprises de boulangerie-pâtisserie, auxquelles il faut ajouter les grandes surfaces qui vendent du pain « frais ». Certaines ont ouvert plusieurs points de vente. Une concentration des enseignes dans un secteur qui continue, malgré tout, à employer plus de 160 000 personnes. Mais les petites boulangeries sont touchées de plein fouet. Elles doivent souvent s’adapter... ou disparaître. (...)
« Certains sortent les pâtisseries le soir, dans leur vitrine, le matin elles sont décongelées, raconte un boulanger. Ces boulangeries se font livrer dans des cartons blancs, pour ne pas éveiller la suspicion du consommateur. » (...)
« Si une vitrine est garnie toute la journée, c’est suspect, estime Sébastien Defay, boulanger à Gréville-Hague, dans le Cotentin. Cela implique d’avoir toute une armada d’employés, aux horaires surchargés. » Ou de recourir à des produits industriels : au moins 25% des viennoiseries vendues dans les boulangeries artisanales seraient d’origine industrielle [1]. Le boulanger réduit ainsi sa masse salariale. Mais le calcul économique n’est parfois pas vraiment avantageux... (...)
Un pain de qualité peut être fabriqué dans de mauvaises conditions de travail ! Pour avoir des vitrines toujours remplies, la pression est grande sur les ouvriers ou les apprentis, parfois exploités. De même, un boulanger industriel peut parvenir à de bons produits... grâce à un travail mécanisé, à la chaîne et répétitif. Enfin, certaines franchises de boulangeries, qui produisent parfois un pain de très bonne qualité, concurrencent fortement les petites boulangeries de plus petites tailles installées aux alentours [2]. « On sait que dans l’une de ces enseignes, il y a un turn-over du personnel de vente hallucinant », indique Hervé Benoist-Gironière. (...)
« Aujourd’hui, le boulanger pâtissier est le plus court circuit de production qu’on imagine en artisanat, estime Hervé Benoist-Gironière. La farine est de plus en plus régionale, grâce à de petits meuniers. Il faut que les boulangers communiquent sur le bilan carbone de leurs produits. Ma baguette coûte tant, parce que j’utilise tel produit, etc. Les consommateurs jugeront ! C’est un axe de progrès à travailler. » (...)