
Cela fait plus de deux siècles que l’homéopathie existe, et à peu près autant qu’elle est au cœur d’un âpre débat entre ses adeptes qui, par définition, l’adorent et le gros de la communauté scientifique qui n’en finit plus de la juger au mieux inefficace et au pire charlatanesque.
Une étude publiée le 15 mars dans le prestigieux BMJ Evidence Based Medicine et fondée sur l’analyse d’à peu près toutes les données actuellement disponibles sur cette « médecine alternative » enfonce un peu plus le clou en montrant que la mauvaise qualité générale des travaux arguant de ses effets positifs indique que ces derniers sont très largement surestimés.
Cette étude constate notamment qu’une grosse partie (38%) des essais cliniques sur l’homéopathie ne sont jamais publiés et qu’une majorité (53%) ne sont pas enregistrés –c’est-à-dire qu’avant de faire l’essai, les chercheurs doivent consigner ce qu’ils prévoient de trouver et, une fois le protocole terminé, de préciser ce qui a été confirmé ou pas. Et même parmi les études enregistrées, les dérapages méthodologiques sont loin d’être évités, vu que 25% d’entre elles voient leur résultat principal changé en cours de route.
Une « absence préoccupante » de normes éthiques
Autant d’éléments qui, pour l’équipe d’Andreea Iulia Dobrescu, du département d’évaluation et de médecine fondée sur les faits (EBM) de l’université de Krems, en Autriche, indique une « absence préoccupante de normes scientifiques et éthiques dans le domaine de l’homéopathie et un risque élevé de biais de publication ».C’est pour y remédier que des registres publics d’essais cliniques ont été créés et que, depuis 2008, l’enregistrement et la publication des résultats des essais cliniques sont considérés comme une obligation éthique, bien que non-obligatoire, pour les chercheurs. (...)