
Ces derniers jours, trois billets du Club traitant des vaccins contre le Covid ont été dépubliés par la rédaction. Deux de ces billets sont parus sur le blog du sociologue Laurent Mucchielli, un autre sur celui du journaliste François Gerald. Publiés dans l’espace participatif du journal où la modération se fait a posteriori, ils contreviennent à notre charte de participation en diffusant de fausses nouvelles. Explications.
Pour rappel, le Club est un espace de contributions personnelles sans modération ni filtrage des contributions en amont de leur publication.
Le 4 août dernier, nous avions déjà détaillé les raisons qui nous ont poussés à dépublier un billet de Laurent Mucchielli sur la « mortalité inédite » des vaccins contre le Covid. Nous dépublions trois nouveaux billets pour des raisons presque identiques. Par souci de transparence vis-à-vis de nos lecteurs, nous nous en expliquons une fois encore.
Deux billets reprennent les calculs de Laurent Mucchielli qui assimile à des effets indésirables avérés les décès signalés au système de pharmacovigilance.
Plus de 50 millions de Français ont été vaccinés contre le Covid en quelques mois. Parmi tous ces Français, certains ont connu des problèmes de santé graves ou inattendus, parfois fatals, dans les jours, les semaines ou les mois suivant leur vaccination : accidents cardiaques, vasculaires, respiratoires, maladies neurologiques, etc.
Leur signalement sur le portail de signalement des événements sanitaires indésirables, accessible aux patients comme aux professionnels de santé, participent de la surveillance renforcée, évidemment nécessaire, des vaccins anti-Covid.
Assimiler ces signalements à des effets indésirables avérés est une opération de désinformation visant à décrédibiliser le principe même de la pharmacovigilance, garante de la santé publique.
Au 30 septembre, près de 100 000 signalements d’événements indésirables ont été enregistrés. La pharmacovigilance doit ensuite déterminer s’il existe un lien de causalité avec les vaccins.
Il y a deux niveaux d’analyse de ces signalements. Le premier relève des Centres régionaux de pharmacovigilance qui enquêtent sur les signalements qu’ils jugent d’intérêt. Ce niveau d’enquête permet de repérer les événements indésirables rares.
Le deuxième niveau d’analyse relève de la pharmaco-épidémiologie : Epi-Phare, qui associe l’Agence nationale de sécurité des médicaments et l’Assurance-maladie, exploite le Système national des données de santé, qui comprend les données anonymisées des hôpitaux et de l’assurance des 67 millions d’assurés sociaux en France depuis 2006.
La pharmacovigilance a permis de repérer un lien avéré entre le vaccin anti-Covid-19 Astra Zeneca et l’apparition de thromboses particulières rares (lire l’article de Rozenn Le Saint ici). En tout, 13 décès ont été rapportés en France des suites d’une thrombose atypique, après une vaccination Astra Zeneca.
Elle a encore permis d’exclure un éventuel lien entre le vaccin Pfizer et la survenue d’événements cardiovasculaires graves dans les 14 jours suivant la vaccination.
La pharmacovigilance permet aussi de vérifier l’efficacité des produits de santé : Epi-phare vient de publier une étude qui estime à plus de 90 % l’efficacité des vaccins Pfizer, Astra Zeneca et Moderna contre les formes graves de Covid chez les Français de 50 ans et plus.
Les systèmes de pharmacovigilance des différents pays se complètent et se renforcent entre eux (...)
Un troisième billet dépublié présentait la vaccination contre le Covid comme « une expérimentation médicale sur les êtres humains », dont le risque ne serait pas assez contrôlé. Tous les vaccins anti-Covid, avant d’obtenir leur autorisation de mise sur le marché (AMM), ont fait l’objet d’études cliniques sur des dizaines de milliers de volontaires qui ont démontré une efficacité très importante contre les formes graves de Covid et un bon niveau de sécurité.
Face à un virus qui a tué 4,5 millions de personnes dans le monde, les agences du médicament du monde entier ont eu recours à des procédures accélérées de mise sur le marché. En France, l’ANSM a accordé une autorisation de mise sur le marché conditionnelle justifiée par « un besoin médical non satisfait avant que des données à long terme sur l’efficacité et la sécurité ne soient disponibles. Cela est possible uniquement si les bénéfices de la disponibilité immédiate du médicament l’emportent sur le risque inhérent au fait que toutes les données ne sont pas encore disponibles » (lire l’article de Rozenn Le Saint sur les fausses informations sur les vaccins).
La phase 3 des essais cliniques se poursuit : l’état de santé des personnes qui ont participé aux essais cliniques fait l’objet de bilans intermédiaires pour s’assurer de l’innocuité et l’efficacité du produit à plus long terme. Aux États-Unis, le vaccin Pfizer, administré depuis décembre 2020, a été complètement approuvé.
Pour tout vaccin ou médicament, les études cliniques ne sont cependant pas suffisantes pour repérer d’éventuels effets indésirables rares ou à plus long terme. Les systèmes de pharmacovigilance prennent donc le relais pour s’assurer de la sécurité des produits de santé en vie réelle.