
Après plus de deux ans rythmés par la pandémie, la France a replongé en ce début d’été, comme d’autres pays européens, dans une nouvelle vague, portée par de nouveaux sous-variants de la famille Omicron, BA.4 et surtout BA.5. "On a une septième vague avec un variant encore plus transmissible qu’avec les premiers Omicron", a souligné vendredi Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Tenon (AP-HP), masqué sur le plateau de RMC/BFMTV.
Les mesures barrière sont "proches de zéro" en ce début d’été
D’un côté, une attaque de ces sortes d’"agents furtifs, qui passent en dessous des défenses immunitaires" acquises par infection et/ou vaccination, a-t-il noté. De l’autre, une défense affaiblie car beaucoup de Français sont "à distance de la 3e dose" et car les mesures barrière sont "proches de zéro" en ce début d’été, saison d’activités extérieures mais aussi de rassemblements festifs. Résultat : un scénario aux airs de déjà-vu. (...)
"La circulation du SARS-CoV-2 poursuit sa progression sur l’ensemble du territoire métropolitain, avec une augmentation des nouvelles hospitalisations", constate Santé Publique France dans son bilan hebdomadaire. Les contaminations augmentent depuis trois semaines dans toutes les régions métropolitaines et toutes les classes d’âge et atteignent désormais environ 55.000 chaque jour.
Deux tiers des cas en France sont liés aux nouveaux sous-variants d’Omicron, surtout BA.5 (41%). A l’hôpital, durement éprouvé par la pandémie et en crise structurelle, le rebond reste pour l’instant modéré. Une hausse des admissions, notamment chez les 80 ans et plus, est observée en soins critiques après plusieurs semaines de diminution et une semaine de stabilisation, selon SPF.
Second rappel
Comment limiter cette ombre sur l’été ? Le bouclier vaccinal anti-Covid des plus vulnérables doit être renforcé sans tarder avec le deuxième rappel. C’est l’un des principaux messages martelés par le gouvernement et les autorités sanitaires. (...)
Autre "arme" rappelée par la ministre : les traitements anti-viraux, comme le Paxlovid. Nettement relâchés depuis la levée de toutes les restrictions, les gestes barrières sont, eux, encouragés, sans retour de contraintes jusqu’alors. Le masque, "il faut vraiment que cela devienne un réflexe" dans chaque "situation à risque", a exhorté vendredi Isabelle Bonmarin, de Santé Publique France.
Pass aux frontières
Plusieurs voix dans la communauté médicale, dont celle d’Alain Fischer, à titre personnel, ou de la fédération des hôpitaux publics, plaident pour un retour du masque obligatoire dans les transports. (...)
Selon un avant-projet de loi visant à maintenir "un dispositif de veille et de sécurité sanitaire" jusqu’en mars 2023, le gouvernement envisage de seulement recourir au pass sanitaire à l’arrivée dans l’Hexagone, en Corse et dans l’Outre-mer. Ce document ne prévoit en revanche pas de prolonger au-delà du 31 juillet la possibilité de rétablir l’état d’urgence sanitaire, ni un pass sanitaire ou vaccinal pour restreindre l’accès à certains lieux ou rassemblements. (...)
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Christian Lehmann est médecin et écrivain. Pour « Libération », il tient la chronique d’une société traversée par le Covid-19. Aujourd’hui, le choix gouvernemental de traiter le coronavirus par le déni entraîne forcément une dissonance cognitive...
Les actes ont des conséquences, et le point fort des politiques est d’éviter de les assumer. L’abandon à visée électoraliste pure du masque en lieu clos courant mars par Olivier Véran, alors que nous étions sur un plateau de 30 000 contaminations par jour, a amené à la situation insensée dans laquelle nous nous trouvons : une septième vague qui repart, des contaminations qui redoublent, avec un début d’impact sur les hospitalisations et les réanimations, des gens qui se croyaient hors d’atteinte infectés pour la deuxième ou la troisième fois, avec un risque cumulatif de séquelles organiques ou fonctionnelles potentiellement handicapantes.
Le testing a été pendant plusieurs mois réduit à la portion congrue, le système de contact tracing de l’Assurance maladie a été mis en sommeil, les centres vaccinaux ont été fermés, la vaccination des 5-11 ans n’a jamais donné lieu à une campagne d’information adaptée. (...)