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Antennes relais : les techniciens qui installent la 4G mettent-ils en danger leur santé ?
Article mis en ligne le 5 décembre 2013
dernière modification le 2 décembre 2013

Les quatre opérateurs de téléphonie mobile ont mis les bouchées doubles : avec le lancement de la 4G, qui permet de surfer sur Internet en haut-débit depuis son téléphone mobile, l’installation de nouvelles antennes se multiplie. Problème : les techniciens du secteur, souvent salariés d’entreprises sous-traitantes, semblent délaisser les consignes de sécurité au détriment de leur santé.

Sous la pression des donneurs d’ordre, les risques augmentent, alors que la réglementation sur la protection des travailleurs reste inadaptée.

« On a souvent des maux de tête, certains de nos collègues se sont mis à saigner du nez en travaillant, sans savoir vraiment pourquoi », témoigne un technicien, sous-traitant d’Orange [1], qui s’apprête à monter des « antennes panneaux » 4G sur un mât d’une vingtaine de mètres, au sommet d’un stade de foot. « Je ne ferai pas ce métier toute ma vie », ajoute-t-il, inquiet des risques que peuvent représenter les émissions d’ondes de ces antennes relais. Comme lui, de nombreux techniciens sont aujourd’hui concernés par l’installation des antennes relais sur le territoire français. Près de 7 896 autorisations ont été accordées en septembre dernier par l’Agence nationale des fréquences (ANFR), tous opérateurs confondus. Au total, avec l’extension de la 4G à tout le territoire, 50 000 antennes relais d’Orange, SFR (Vivendi) et Bouygues, devront être remplacées. Avec quels risques pour la santé de ces travailleurs ?

« La situation est dramatique », s’insurge Jean Rinaldi, président de la Coordination citoyenne antennes relais Rhône-Alpes (CCARRA). En début d’année, lors d’un déplacement à Metz, ce spécialiste des mesures de champs électromagnétiques chez les particuliers a été « sidéré » : un technicien travaille à la maintenance sur le toit d’un immeuble, alors que l’antenne est toujours en fonction. Normalement, pendant la durée de l’intervention, il est recommandé de faire basculer le réseau sur d’autres antennes, pour ne pas surexposer le technicien. Car près des antennes, les champs électromagnétiques sont très puissants. « A six mètres de l’antenne, lors de précédentes mesures, j’ai pu obtenir : 203 Volt par mètre (V/m). A 10 mètres 156 V/m », détaille Jean Rinaldi.

Des chiffres confirmées par l’association Next-Up, spécialisée dans la lutte contre les effets des ondes électromagnétiques, qui a notamment mesuré 204 V/m face à des antennes relais camouflées. (...)

« Les techniciens ont la trouille de témoigner »

Les enjeux économiques de la téléphonie mobile sont tels que le silence règne. Un fait que déplore Marc Cendrier, chargé de l’information scientifique pour l’association Robin des Toits, spécialisée dans la lutte contre les dangers du rayonnement électromagnétique et les implantations d’antennes-relais. Cette dernière est contactée « par des employés de sociétés sous-traitantes s’inquiétant pour leur santé, à la suite de vertiges et de maux de tête », confirme Marc Cendrier. Avant d’ajouter : « Les techniciens ont la trouille de témoigner ».

« Il y a les consignes de sécurité d’un côté et la réalité de l’autre. Celle de la rentabilité que l’on demande aux sociétés sous-traitantes », dénonce Jacques, responsable syndical chez l’un des quatre opérateurs de téléphonie mobile. (...)

les opérateurs assurent prendre leurs précautions, tout en renvoyant la responsabilité aux entreprises sous-traitantes. « Les sous-traitants interviennent sous la responsabilité de leur employeur, mais des procédures de coupures existent pour nos antennes. Le technicien peut lui-même provoquer la coupure et vérifier », affirme Alexandre André, responsable presse pour le groupe Bouygues Telecom. Il confirme que « le déploiement des antennes est assuré [en partie] par des sociétés sous-traitantes », même si l’opérateur dispose de « ses propres techniciens pour une partie de la maintenance ».

Free et SFR aux abonnés absents (...)

Contactés par Basta !, les services de la Direction générale du travail (DGT) n’ont pas encore évalué l’ampleur du risque. (...)

En matière de protection des salariés, comme des riverains, tout reste à faire.