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Reporterre
À Meudon, des activistes contre le comblement de carrières historiques
Article mis en ligne le 17 septembre 2022

Les militants de la colline Rodin de Meudon ont bloqué le chantier de comblement des carrières, vendredi 16 septembre. Ils défendent le patrimoine des sous-sols, ainsi que la biodiversité présente à la surface.

C’est la première étape d’un grand projet immobilier qui va bétonner l’une des dernières collines en friche proche de Paris. Depuis plusieurs jours, les travaux de comblement de la carrière Arnaudet à Meudon (Hauts-de-Seine) ont commencé. Cela fait des années que des collectifs de riverains, d’associations environnementales et du patrimoine s’opposent à la disparition de ce site historique classé, comme Reporterre vous l’avait déjà raconté. (...)

Malgré plusieurs manifestations et des recours juridiques, les militants n’ont pas obtenu gain de cause et ont décidé d’organiser une action de blocage du chantier vendredi 16 septembre. « Nous sommes tristes de devoir participer à une action illégale mais face au mutisme des autorités nous n’avons pas d’autre choix », dit François, l’un des militants. (...)

Beaucoup sont des jeunes membres d’Extinction Rebellion (XR) venus prêter main forte aux riverains qui s’opposent depuis de nombreuses années aux travaux de comblement. (...)

Cela fait plusieurs jours que les militants surveillent le ballet incessant des camions qui apportent des déblais de chantier entre 10 h et 17 h pour combler les carrières. « Un véhicule toutes les trois minutes ; sur une route trop étroite pour qu’ils puissent se croiser : Imaginez la pollution et le bruit », raconte Magdalena, l’une des militantes historique de cette lutte.

Changement de plans

Hélas ce matin, aucun camion à l’horizon. L’entreprise a dû être prévenue de l’action. Le groupe change alors ses plans et décide quand même de lancer le blocage. Certains enfilent des combinaisons blanches « en mode Ende Gelände », rigole une militante. Ils descendent ensuite jusqu’à l’entrée du chantier en passant par une friche où la nature a repris ses droits. (...)

Plusieurs militants ont pénétré sur le chantier dont Nicos [*]. L’homme est immédiatement parti rassurer les ouvriers présents : « Nous protestons symboliquement et nous sommes non-violents, nous n’allons pas faire n’importe quoi. » « Ok, il n’y a pas de soucis avec votre action, mais on ne peut pas vous laisser ici pour des raisons de sécurité donc on va devoir appeler la police », répond le chef de chantier. Il expliquera plus tard qu’il comprend que les militants « défendent une cause » mais qu’il ne peut rien faire pour eux. « Nous on est juste exécutants. » (...)

Certains ont décidé de taguer les containeurs du chantier à l’instar de Sophie [*], membre d’Extinction Rebellion et du collectif Dernière rénovation. Comme ses camarades, elle a été informée sur les conséquences juridiques du blocage.

« On a toujours la même appréhension avant une action, car les gardes à vue, c’est épuisant physiquement et moralement. » Cela fait une année qu’elle milite. Une manière pour elle de combler son impuissance face à la crise climatique. « J’ai besoin de sens et d’un sentiment d’appartenance. Le militantisme permet aussi de rencontrer des gens hyper courageux. » (...) (...)

Les militants déplorent l’urbanisation du quartier et la destruction d’une colline redevenue sauvage. (...)

28 000 m² bientôt bétonnés ?

Magdalena déplore les pressions subies depuis qu’elle a commencé son combat. « Je fais partie d’une association qui aide les familles précaires et j’ai un local sur la colline. Lorsque la mairie l’a découvert, elle nous a envoyé une lettre recommandée pour que l’association quitte les locaux. On a aussi rempli ma boîte aux lettres de terre. » (...)

le géologue Vincent Maury s’est inquiété du comblement du site. « Les vibrations des camions et l’apport de la terre peut déstabiliser les carrières et toute la colline. L’équilibre hydraulique est aussi bouleversé car les drains naturels vont être bouchés. L’eau n’aura plus d’espace pour s’écouler naturellement. Elle va être sous pression et cela peut causer des dégâts. » (...)

Les forces de police sont arrivées sur place environ 30 minutes après le début de l’action. « Les policiers sont venus nous voir pour savoir si on allait rester longtemps. On leur a dit que c’était avant tout une action médiatique sans confrontation, et que ce n’était pas la peine d’aller chercher leur disqueuse », raconte Fidélio [*], 30 ans, membre d’XR qui s’est accroché le cou à la grille d’entrée du chantier avec un antivol de vélo.

Les policiers sont repartis après avoir pris son identité et celle des autres personnes accrochées aux grilles. Un peu à l’écart de la mobilisation, deux fonctionnaires de la mairie, accusée par les militants d’avoir décidé le comblement, discutent à voix basse. Ils ont refusé de s’exprimer sur le sujet, arguant de leur « devoir de réserve ».