En 2022, des militants stoppaient un train de blé pour dénoncer les dérives de l’agro-industrie. 12 personnes sont jugées ce 15 décembre. Un des inculpés revient sur l’action et ce qui a suivi : perquisition, contrôle judiciaire, mise sur écoute.
« Ce procès, on espère que ce ne sera pas le mien, pas le nôtre, mais celui de l’agro-industrie », dit Julien Hamon. Ce lundi 15 décembre, le paysan comparaît devant le tribunal correctionnel de Lorient aux côtés de onze autres personnes inculpées dans l’affaire du « train bloqué ». Les faits qui lui sont reprochés remontent au 19 mars 2022.
Ce jour-là, sur la commune de Saint-Gérand, dans le Morbihan, une cinquantaine de personnes se sont donné rendez-vous pour mener une action de désobéissance civile. La cible : un train transportant 1390 tonnes de blé, en route vers deux usines de production alimentaire pour bétail. La première appartient à la coopérative Le Gouessant ; la seconde, à l’entreprise Sanders, filiale du groupe Avril. Un muret est construit en travers des rails ; une partie de la cargaison est déversée à terre. Une action « non-violente », précise Julien Hamon.
Par ce geste, le collectif Bretagne contre les fermes-usines, qui rassemble entre autres des syndicalistes de la Confédération paysanne, des militant·es d’Extinction Rebellion et des Faucheurs volontaires, entendait « mettre les projecteurs sur les ravages de l’agro-industrie bretonne et du modèle agricole dominant », explique le militant. (...)
Le jour même, « à la suite d’une vidéo de l’action publiée sur les réseaux sociaux », la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) du Morbihan se fend d’une lettre ouverte condamnant un « acte qualifiable de terroriste ».
Une information judiciaire est ensuite ouverte par le parquet de Lorient pour « entrave à la mise en marche ou à la circulation de trains, entrée irrégulière dans l’enceinte du chemin de fer, dépôt de matériau ou objets quelconques dans l’enceinte du chemin de fer, dégradations de biens d’autrui, en réunion » (...)
Près de quatre ans plus tard, les douze inculpé·es font face à onze parties civiles : la FNSEA, Le Gouessant, SAS Sanders Bretagne, l’Association générale des producteurs de blé, la Fédération régionale des syndicats d’exploitants agricoles, la FDSEA, la Coopération agricole, InterCéréales, la Coopération agricole Ouest, la Fédération du négoce agricole et Nutrinoë. « Des citoyens face à des poids lourds de l’agro-industrie et de sa défense », dénonce le paysan.
« 100 000 fermes ont disparu en dix ans » (...)
le collectif Bretagne contre les fermes-usines entend bien se saisir du procès de ce 15 décembre pour inverser l’accusation et mettre la focale sur les conséquences délétères du modèle agro-industriel. (...)
Mais cette lutte a un prix. Gardes à vue, perquisitions, contrôle judiciaire, interdiction de se voir, de se parler : voilà ce qui s’est abattu sur les douze inculpé·es. (...)