Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
France 3
"Vous ne toucherez pas un euro !" : victimes des PFAS, ces habitants refusent de payer une eau qui n’est plus potable
#eau #pollution #PFAS
Article mis en ligne le 18 novembre 2025
dernière modification le 16 novembre 2025

Pourquoi payer pour une eau du robinet que l’on ne peut plus boire ? Des habitants et communes ardennaises touchés par un arrêté d’interdiction de consommer l’eau du robinet demandent une exonération temporaire des redevances sur l’eau potable.

(...) "Je vais payer ma facture d’eau en déduisant mes redevances d’eau potable", annonce la mère de famille.

Aurore Thiébaut estime qu’elle n’a pas à payer un service qui ne lui est pas rendu. En effet, le village de Malandry où elle réside, fait partie des 13 communes ardennaises visées par un arrêté interdisant la consommation d’eau potable à des fins de boissons depuis le mois de juillet. Les contrôles effectués par l’Agence régionale de santé y ont mesuré des taux de concentration en polluants éternels de type PFAS supérieurs aux normes de qualité réglementaires. (...)

À cette demande d’exonération, l’Agence de l’eau Rhin-Meuse, qui perçoit le fruit de ces redevances, oppose la loi : "les textes ne prévoient pas d’accorder une exonération (...) dans ce cas de figure", indique la directrice déléguée à la communication de l’établissement public. Et de citer l’article L213-104 qui explique que la redevance est calculée selon "le volume d’eau facturé à la personne abonnée, sans précision qu’elle soit potable ou non".
Un collectif d’habitants s’est formé

Selon la loi, Aurore doit donc payer pour l’eau qu’elle continue d’utiliser pour le lave-linge, la douche, les WC, etc... "Celui qui a fait les factures, s’il avait été un peu moins bête, il aurait enlevé le mot « potable »", s’agace Aurore Thiébaut. En décidant de ne pas régler sa redevance, un abonné s’expose à des majorations ou à un recouvrement d’office. (...)

Au-delà du cas individuel d’Aurore, c’est tout un collectif d’habitants des communes concernées par la pollution aux PFAS qui s’organisent et demandent à être exonérés du paiement des redevances sur l’eau potable. Leur revendication est relayée par leurs maires respectifs. (...)

Les communes payent deux fois

L’eau en bouteille que les habitants concernés boivent désormais est en effet financée par les municipalités à raison de deux litres par jour et par personne. (...)

Les communes payent deux fois

L’eau en bouteille que les habitants concernés boivent désormais est en effet financée par les municipalités à raison de deux litres par jour et par personne. (...)

En France, les redevances sur l’eau potable vont dans les caisses des agences de l’eau et servent notamment, selon le ministère de la Transition écologique, à lutter contre les pollutions domestiques ou d’origine agricole et à améliorer la qualité du service d’eau potable. Entre 2019 et 2022, 3,6 milliards d’euros ont été investis sous forme d’aides aux collectivités, aux entreprises ou aux agriculteurs.
Des aides de l’Agence de l’eau

La communauté de communes des Portes du Luxembourg a d’ores et déjà lancé une étude pour voir si les communes touchées par la pollution aux PFAS pourraient se raccorder à des captages d’eau voisins déjà existants. Le cabinet chargé de mener les analyses quantitatives et qualitatives de l’eau est sur le point d’être choisi. Le rapport est attendu dans les quatre à six mois. Le coût de cette mission, 110 à 150 000 euros, est subventionné à 70 % par l’Agence de l’eau Rhin-Meuse. Si cette première étude ne permet pas de déboucher sur une solution, alors une seconde étude pour identifier d’autres sources serait envisagée.

Parallèlement, la communauté de communes des Portes du Luxembourg tente de faire provisoirement repasser les indicateurs de qualité de l’eau au vert en mettant à l’essai une unité mobile de traitement à charbons actifs. Sur les 40 000 euros engagés à ce stade, 22 000 euros ont été pris en charge par l’Etat. Mais pas par l’Agence de l’eau qui ne finance que "les investissements d’une solution pérenne". (...)

"On subit une pollution et c’est à nous de nous débrouiller", s’emporte Richard Philbiche. "Moi, je me suis pris un peu la tête avec le directeur de l’agence de l’eau. Je lui ai dit : « Moi, je ne vous reverse rien, vous ne toucherez pas un euro des redevances »".
De l’eau plus chère ?

La maire de Malandry explique de son côté, qu’avant de pouvoir prétendre à des aides pour investir dans des dispositifs permettant d’améliorer la qualité de l’eau, on lui a demandé au préalable d’augmenter de façon significative le prix de l’eau. "C’est la base de toute discussion", s’indigne Annick Dufils.

L’Agence de l’eau Rhin-Meuse confirme en effet que les aides aux travaux "sont conditionnées à un prix de l’eau minimum (...) afin d’inciter à la réalisation d’investissements permettant de garantir un taux minimal de renouvellement des infrastructures".