
Le contexte actuel est marqué par des tensions sociales et des défis d’intégration notamment dans les quartiers dits sensibles qui relèvent de la politique de la ville. Pour y répondre, Jean-Claude Sommaire, ancien sous-directeur du Développement Social, de la Famille, et de l’Enfance au Ministère des Affaires Sociales, souligne l’urgence d’adopter une approche communautaire dans le travail social.
Cette nécessité émerge suite aux récentes émeutes en France, qui ont mis en lumière une « surdélinquance » des jeunes issus de l’immigration. Jean-Claude Sommaire insiste sur la nécessité actuelle de bien distinguer cette approche du communautarisme, affirmant qu’elle peut coexister avec l’universalisme républicain. Cette démarche requiert un changement dans la relation entre les travailleurs sociaux et les familles, visant à renforcer leur capacité d’action.
Mais qu’est-ce que le travail social communautaire ?
C’est le parent pauvre des pratiques sociales collectives. En France, le mot communauté n’est pas très apprécié. Il est tout de suite associé au terme de communautarisme qui laisse supposer que les communautés s’opposent à l’unité républicaine et ses valeurs. C’est bien dommage. Dans les pays anglo-saxons le travail social auprès des communautés et particulièrement développée, nous avons préféré dans notre pays, utiliser le terme de développement social voir développement social local pour intégrer cette dimension.
C’est pourquoi il est toujours utile de préciser ce que représente une communauté : c’est un groupe de personnes liées par des caractéristiques, des intérêts ou des valeurs communes, et qui partagent un sentiment d’appartenance et d’interaction. Ce concept est flexible et s’adapte aux nombreux contextes dans lesquels il est utilisé
La notion de communauté est riche et diversifiée dans notre pays (...)
Cette approche se concentre sur l’amélioration des conditions de vie et le renforcement des capacités des communautés, plutôt que sur l’assistance individuelle. (...)
Une crise de civilisation ? Pas vraiment
Revenons maintenant à ce que nous dit Jean Claude Sommaire dans son article . Il nous rappelle que le contexte actuel est décrit comme une « crise de civilisation » par le Président de la République. Celui-ci a observé que la majorité des jeunes impliqués dans les violences urbaines récentes proviennent de milieux défavorisés. Effectivement, cette situation n’est pas nouvelle. Déjà en 2018, Jean-Louis Borloo, dans son rapport et son ouvrage « L’Alarme », avait mis en garde contre les conséquences de l’ignorance des difficultés des quartiers sensibles.
Les émeutes de fin juin et début juillet ont démontré que la situation pouvait « mal finir ». Le bilan matériel et humain plus lourd que celui des émeutes de 2005. Ces événements soulignent la nécessité d’une prévention sociale ciblée et d’une réflexion sur les causes profondes de cette violence. Un collectif d’acteurs sociaux, avait déjà analysé les émeutes de 2005, soulignant le défi de faire société avec les descendants des anciennes colonies. Cette analyse reste pertinente aujourd’hui, tout comme cet appel relayé par l’ANAS et initié par un groupe de responsables et militants engagés dans le développement social.
Il faut soutenir les familles : la sanction est contre-productive (...)
En conclusion, il est urgent d’aborder la place et le rôle des adolescents dans les quartiers sensibles. Il est nécessaire de restaurer l’autorité des parents et de créer des collectifs d’entraide pour lutter contre les dysfonctionnements familiaux. (...)
Bref il y a du pain sur la planche si l’on veut éviter de nouvelles stigmatisations avec tous les risques qu’elles provoquent.