
« L’ensemble des acteurs […] porteront, entre autres sujets, la question du respect des personnes, les droits humains et sociaux ainsi que la reconnaissance juridique de l’O comme espace humanitaire. » C’est l’une des conclusions inscrites dans les Engagements de Nice pour les océans, contractés à l’issue de la conférence de L’UNOC3 (troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan). C’était aussi l’enjeu principal de la participation de SOS MEDITERRANEE à une table-ronde qu’elle co-organisait avec le Haut Commissariat pour les réfugiés des Nations Unies (HCR) et le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (OHCHR).
Après New York (2017) et Lisbonne (2022), la France et le Costa Rica co-organisaient la 3e Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC3) à Nice, du 9 au 13 juin 2025. Dix ans après la COP21 et l’Accord de Paris, l’UNOC3 a réuni les États membres des Nations Unies, les agences spécialisées, la société civile, le secteur privé et les donateurs internationaux afin d’œuvrer à la protection des mers et des océans. SOS MEDITERRANEE est intervenue à différents événements et a coorganisé avec deux agences des Nations Unies (le HCR et le OHCHR) une conférence en ligne, le 11 juin 2025, intitulée : « Les mers comme espace humanitaire – Renforcer les opérations de recherche et de sauvetage pour une gestion durable des océans ».
Alors que de plus en plus de personnes fuient leur pays en raison des conséquences du changement climatique, empruntant l’une des dangereuses routes migratoires maritimes dont la Méditerranée centrale, cette table ronde rassemblait des organisations civiles de sauvetage et des représentant.e.s des Nations Unies et d’États de différentes régions du monde. Bien que les conventions internationales du droit de la mer obligent les marins et les États à secourir les personnes en détresse, la conférence a mis en évidence la manière dont l’interprétation de cette notion reste incohérente, les priorités politiques l’emportant souvent sur les obligations humanitaires en matière de sauvetage. (...)
« Ce qui se passe aujourd’hui en Méditerranée centrale n’est pas de la coordination. C’est de l’abandon. Et les conséquences se mesurent en nombre de vies perdues. »
Bianca Benvenuti, cheffe du service de plaidoyer et du positionnement public à SOS MEDITERRANEE
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Rappelant les milliers de morts qui ont fait de la Méditerranée centrale l’une des routes migratoires les plus mortelles a monde, Bianca Benvenuti, responsable du plaidoyer de SOS MEDITERRANEE, a fustigé l’inaction des États face à leur obligation d’assistance en mer et les entraves qu’ils opposent aux navires humanitaires. « Le rôle essentiel des ONG de recherche et sauvetage doit être officiellement reconnu, non seulement en tant qu’acteurs assumant des obligations légales et morales pour sauver des vies, mais aussi en tant que témoins indépendants et impartiaux des violations du droit international en mer », a-t-elle déclaré. « L’espace humanitaire nécessaire à ce travail vital doit non seulement être respecté, mais aussi activement protégé. Chaque décès en mer est un échec politique. C’est un manquement au respect du principe humanitaire le plus fondamental : aucun être humain ne devrait mourir noyé, abandonné à son sort, alors que nous avons les moyens – et l’obligation – de le secourir. »
Le droit et les actions de sauvetage doivent être renforcées partout dans le monde (...)
Si la Méditerranée reste un exemple flagrant de cette situation dramatique, des routes meurtrières, largement négligées, existent à travers le monde, du couloir nord-ouest de l’Atlantique aux îles Canaries, en passant par la route de l’océan Indien occidental. Rien qu’en 2024, des milliers de Rohingyas ont péri ou ont disparu en mer dans la mer d’Andaman et le golfe du Bengale.
Au terme de la rencontre, les panélistes ont établi trois grands principes fondamentaux et appellent l’ensemble de la société civile à les défendre :
le sauvetage de vies humaines est un acte humanitaire et apolitique, qui ne saurait être criminalisé, et dont la responsabilité première incombe aux États, dans le respect du droit international et des principes humanitaires ;
les réponses aux risques pour la vie doivent être déployées en mer, et inclure la lutte contre les causes profondes qui poussent les personnes à entreprendre ces périples dangereux ;
la communauté internationale doit impulser une action collective visant à reconnaître les océans et les mers comme des espaces humanitaires. Le non-respect des normes internationales n’est pas une fatalité. Il est impératif d’agir pour garantir l’engagement des États, des donateurs, des acteurs humanitaires, de la société civile et du secteur maritime.
SOS MEDITERRANEE présente à d’autres événements de l’UNOC3 (...)
Autant d’interventions qui ont permis d’intégrer la question de l’impératif des sauvetage en Méditerranée dans les débats durant toute la durée de l’UNOC.