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France24
Sommet sur l’énergie nucléaire à Bruxelles : l’atome, faux allié du climat ?
#nucleaire #energies #France #UE #urgenceclimatique
Article mis en ligne le 25 mars 2024
dernière modification le 23 mars 2024

Réunissant une trentaine de pays, un sommet visant à accélérer les investissements dans la production d’énergie nucléaire s’est tenu jeudi à Bruxelles. Au cœur des discours, l’argument-roi du retour en grâce de l’atome : la baisse des émissions de gaz à effet de serre. Une fausse solution climatique, dénoncent certains experts et militants écologistes. Décryptage

Il était une fois, en Belgique, un étrange conte de fée : un "conte de fées nucléaire". C’est du moins les mots affichés sur les banderoles déployées par des manifestants écologistes, qui ont tenté de retarder la tenue du sommet dédié à l’énergie nucléaire organisé à Bruxelles, jeudi 21 mars.

Une trentaine d’États, dont la Chine, les États-Unis, le Brésil et la France s’y sont réunis en vue d’accélérer de façon coordonnée le développement du nucléaire civil. Pour les partisans de cette énergie, comme le président français Emmanuel Macron, le nucléaire est une bonne nouvelle pour la planète.

Et ce pour une raison simple : les centrales nucléaires n’émettent quasiment pas de CO2 pour produire de l’électricité. Développer massivement cette énergie permettrait donc de lutter efficacement contre le dérèglement climatique. (...)

Le climat, nouvel "alibi" des pro-nucléaires ?

Le climat est utilisé par les gouvernements et lobbies pro-nucléaires comme un alibi pour redorer l’image de cette industrie", soupire la militante de Greenpeace, Lorelei Limousin.

Dès 8 h du matin, la jeune femme s’était jointe aux manifestants rassemblés pour perturber le sommet, aux portes de l’Atomium. "Face au dérèglement climatique, le nucléaire est un problème, pas une solution" tranche la militante. (...)

Le nucléaire en retard sur l’urgence climatique

Aujourd’hui, les programmes d’énergies nucléaire ne survivent qu’en invoquant l’argument climatique, estime Cyrille Cormier. Car selon lui, les réacteurs servant à produire l’énergie nucléaire ont, sur le plan strictement économique, un talon d’Achille : ils sont chers à déployer.

Ainsi, la construction de six nouveaux réacteurs, annoncée par Emmanuel Macron en février 2002, coûtera quelque 51,7 milliard d’euros. Les travaux s’étaleront sur 25 ans, avec une date butoir en 2050.

Beaucoup trop tard, soulignent les climatologues. (...)

Une source d’énergie fragilisée par le dérèglement climatique ?

Trop lente à déployer, l’énergie nucléaire suscite un autre type d’inquiétude environnementale. Des accidents comme ceux de Three Mile Island, Tchernobyl ou Fukushima prouvent que l’énergie nucléaire n’est pas "raisonnable", estiment ses détracteurs. (...)

Les leçons du passé ont été tirées, invoquent, en somme, les acteurs du nucléaire tels qu’EDF ou l’Agence internationale de l’énergie. Ils soulignent que les nouveaux réacteurs sont conçus avec des normes de sécurité plus élevées.

Depuis ces drames nucléaires toutefois, le risque a lui aussi sensiblement augmenté, justement du fait du dérèglement climatique. Dans un pays comme la France, les installations nucléaires sont complètement tributaires de l’eau pour rafraîchir les réacteurs. (...)

Une énergie "propre" demain qui encourage les plus "sales" aujourd’hui

Énergie reconnue "verte" par le parlement européen en novembre 2023, le nucléaire encourage à court terme la production d’énergies fossiles, explique Cyrille Cormier. Comme une quinzaine d’années séparent la décision de construire les infrastructures nucléaires et leur mise en service, le nucléaire incite les géants de l’énergie "sale" à continuer d’en produire "en attendant", et arguant que l’option nucléaire apportera "plus tard" une solution aux inquiétudes climatiques. (...)

"Mais l’industrie des énergies renouvelables, elle, se déploie désormais si vite et à des coûts tellement faibles qu’elle peut remplacer l’électricité produite par une centrale nucléaire en seulement un an."
Espoirs renouvelables

À l’échelle européenne, les industries renouvelables ont en effet franchi un cap historique en 2002 : le vent et le soleil ont fourni 23 % de la production électrique totale de l’Union européenne. (...)

Une transition portée notamment par l’Allemagne (...)