
Dans sa quasi-totalité, la classe politique française a basculé dans le trumpisme. Le réel n’a plus cours, les faits, la vérité, les preuves n’ont plus d’intérêt. Seule la réécriture des faits compte : imposer « sa » narration.
Un épisode de folie médiatique
Alors que des hooligans d’extrême droite, cogneurs et racistes, sont transformés en « victimes d’un lynchage antisémite », une nouvelle étape vient d’être franchie. France 2 a poussé le vice jusqu’à diffuser dans son JT des vidéos de supporters de Tel Aviv armés de bâtons et attaquant des habitants, avec une voix off affirmant « sur ces images, des supporters israéliens poursuivis et violemment attaqués ». Littéralement une inversion du réel sur le service public, diffusée à des millions de personnes.
La gauche, en dehors de la France Insoumise, s’est immédiatement vautrée dans ce trumpisme. (...)
Dans cet épisode de folie collective, Marine Le Pen n’est évidemment pas en reste (...)
Des supporters fascistes et génocidaires
Quiconque s’intéresse un minimum à ce groupe de supporters sait qu’ils sont d’extrême droite et se livrent à des agression de rue depuis des années. Sur le site du Maccabi Tel Aviv, on trouve un répertoire de chansons racistes et génocidaires accessible à tous. L’une d’elle parle même de « violer vos filles, et boire leur sang ». Des dizaines de vidéos à Amsterdam montrent ces supporters chanter qu’il faut « tuer des arabes », se réjouir en scandant qu’il n’y ait « plus d’enfant dans les écoles de Gaza car ils sont morts », frapper dans les rues, arracher des drapeaux. La police d’Amsterdam a même confirmé l’attaque d’un taxi dont le chauffeur est maghrébin. Tout cela est facilement vérifiable, surtout pour des journalistes ou des politiciens, mais tout ce petit monde se moque éperdument des faits. (...)
En 2024, il est donc possible d’inverser des faits, pourtant filmés, en répétant mille fois le même mensonge. Le procédé est systématique depuis un an. (...)
Une fois que la narration a été imposée, même si des preuves finissent pas établir la vérité, il est déjà trop tard. Dans l’inconscient collectif, c’est la première information, c’est-à-dire le mensonge, qui a été retenu.
Dans cette orgie de fake news, le sens des mots est méthodiquement détruit. Jadis, les médias parlaient de « prise d’otage » pour désigner des grève, ce qui était déjà particulièrement grave. Mais parler de « lynchage » ou de « pogrom » pour cinq hooligans d’extrême droite légèrement blessés est sans doute l’opération la plus ignoble et révisionniste vue dans les médias.
Qu’est-ce qu’un lynchage ?
Alors pour redonner un peu de sens aux mots, rappelons ce qu’est un lynchage. Le mot s’inscrit dans une histoire précise, celle de l’esclavage et du racisme aux États-Unis. Il vient de Charles Lynch, un planteur esclavagiste et magistrat, connu pour ses jugements expéditifs. Au 19ème et au 20ème siècle, le « lynchage » frappe essentiellement des personnes noires, qui sont pendues à des arbres dans l’espace public. Il s’agit d’assassinats collectifs racistes et extra-judiciaires, souvent accompagnés d’actes de torture. La foule, blanche, vient ensuite contempler le cadavre et parfois lui faire subir des sévices post-mortem. (...)
Qu’est-ce qu’un pogrom ?
Le mot pogrom, qui vient du russe « destruction, pillage », est également une pratique de violence collective et raciste, exercée contre la communauté juive en Europe de l’Est du 19ème siècle à la seconde guerre mondiale. Ces déchaînements meurtriers sont souvent accompagnés par les autorités locales, elles-mêmes violemment antisémites. Le Tsarisme, l’Église et la presse encouragent et organisent à la fin alors la persécutions, diffusent des théories du complot antisémites et poussent la population à persécuter les juifs.
Des dizaines de pogroms ont lieu sur un vaste territoire comprenant la Russie, l’Ukraine ou la Pologne, souvent lié à l’actualité du moment (...)
Des mots comme lynchage et pogrom ont un sens, une histoire, une profondeur, qui méritent d’être connues et étudiées, pour que jamais ces actes ne se reproduisent. Mais on ne manie pas des mots aussi lourds à la légère ou pour discréditer une cause. Ne serait-ce que par respect pour les victimes. Quelques coups de poings donnés à des hooligans d’extrême droite habitués à la bagarre et qui glorifient un génocide, n’est pas et ne sera jamais un lynchage ou un pogrom.