
Antiterrorisme contre une reporter, journalistes convoqués, loi européenne pour surveiller la presse… La liberté de la presse est attaquée de toutes parts ces derniers jours par le gouvernement et ses forces de répression. Un recul massif et rapide, dans une indifférence quasiment générale. On fait le point.
L’antiterrorisme enquête contre une journaliste d’investigation
6h du matin, ce mardi 19 septembre. Le domicile de la journaliste Ariane Lavrilleux est perquisitionné de fond en comble avec du matériel ultra sophistiqué par la Direction générale de la sécurité intérieure – DGSI –, la police politique du gouvernement, et emmenée en garde à vue dans leurs locaux (...)
L’antiterrorisme enquête contre une journaliste d’investigation
6h du matin, ce mardi 19 septembre. Le domicile de la journaliste Ariane Lavrilleux est perquisitionné de fond en comble avec du matériel ultra sophistiqué par la Direction générale de la sécurité intérieure – DGSI –, la police politique du gouvernement, et emmenée en garde à vue dans leurs locaux (...)
Les 9 agents chargés de l’antiterrorisme l’enferment pendant deux jours pour lui faire subir des interrogatoires. L’affaire fait scandale : c’est une atteinte inédite contre la liberté de la presse et le secret des sources.
On pouvait imaginer que tout s’arrêterait là, mais les autorités s’acharnent. Ariane Lavrilleux est présentée devant un juge des libertés et de la détention. Notes manuscrites, mails, documents de travail… La quasi-totalité des documents saisis au domicile de la journaliste sont versés à la procédure. Après la police, la justice autorise une atteinte sans précédent à la protection des sources.
Un militaire soupçonné d’avoir renseigné la journaliste est également arrêté et placé sous contrôle judiciaire. (...)
Convoqués pour des articles sur un crime policier
Dès le 21 septembre, juste après la perquisition d’Ariane Lavrilleux, trois journalistes de Libération, Ismaël Halissat, Fabien Leboucq et Antoine Schirer, sont « convoqués pour être entendus en tant que suspects » par la brigade criminelle de la police judiciaire de Lille.
Cette fois-ci, il ne s’agit même pas de protéger un prétendu « secret défense ». Ils ont publié une série d’articles sur la mort d’Amine Leknoun, tué par un policier de la BAC dans le Nord. Enquêter sur un crime policier expose désormais à la répression ! (...)
La police ferroviaire s’y met
Trois jours plus tard, le 24 septembre. Une panne électrique géante paralyse la gare Montparnasse à Paris. Des trains sont annulés, le service public du rail montre une nouvelle fois sa défaillance. Des journalistes sont envoyés dans la gare pour couvrir l’événement. Mais les autorités ont déployé des agents de la police ferroviaire pour « empêcher [les journalistes] de filmer ». De quel droit ? La gare est un lieu public. Le journaliste de France 2 Julien Cholin explique que deux amendes de 200 euros leur ont été infligées « pour prise de vue non autorisée ». (...)
La France organise le recul à l’échelle européenne
Pour couronner le tout, le Parlement européen étudie actuellement une mesure baptisée « Media Freedom Act ». À la base, il s’agit d’un règlement qui vise à lutter contre la concentration des médias dans l’espace communautaire et protéger leur indépendance. Une intention louable. Mais dans une époque de règne de la perversité généralisée, c’est l’inverse qui risque de se produire : le « Media Freedom Act » pourrait permettre de surveiller les journalistes. En effet, le texte a été largement réécrit par la France, qui s’est montrée très insistante auprès du Conseil de l’Union Européenne pour ajouter des exceptions : la possibilité pour les États, au nom de la sécurité nationale, de surveiller les journalistes afin d’identifier leurs sources.
Tout cela fait suite à des années de répression, souvent brutale, des petits médias indépendants. (...)