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Privations de libertés et mises en danger des voyageurs « Nos vies comptent aussi » : les gens du voyage dénoncent les politiques discriminatoires de la métropole de Lille
#gensduvoyage #discriminations #Lille
Article mis en ligne le 22 avril 2024
dernière modification le 21 avril 2024

Depuis 2022, la Métropole européenne de Lille a pris un virage répressif visant à réguler les places dans les aires d’accueil de gens du voyage. Des habitants dénoncent des méthodes brutales et discriminatoires.

Des employés encravatés se penchent aux fenêtres pour observer la foule en colère. Ce 12 avril 2024, une centaine de voyageurs du Nord et quelques gadjos venus en renfort font face à l’imposante tour vitrée de la Métropole Européenne de Lille (Mel). Les femmes donnent le tempo et tiennent à bout de bras les pancartes colorées portant leurs revendications. « Laissez-nous respirer, on veut notre dignité », scande Sue Ellen, le regard fixé vers les étages du building. Ses deux grandes sœurs sont à ses côtés. Depuis 11 ans, elles portent avec d’autres habitantes de l’aire d’accueil d’Hellemmes-Ronchin (59), la voix des voyageurs de la métropole. En 2022, elles ont créé l’association Da So Vas, « entraide » en romani. Elles lancent aujourd’hui un appel de détresse :

« On est traités comme des bagnards qui n’ont commis pour crime que d’être nés. » (...)

La Mel assure la gestion et l’entretien de quelque 520 emplacements répartis sur 14 aires d’accueil permanentes de gens du voyage. Une offre d’équipement bien insuffisante puisque environ 300 familles restent sur le carreau, contraintes à l’errance et à l’occupation de terrains illicite, faute de places de stationnement disponibles. En cause, le refus de plusieurs villes de plus de 5.000 habitants de respecter leur devoir d’accueil des gens du voyage pourtant inscrit dans la loi Besson. En 2017, Médiacités dénombrait déjà 22 communes hors-la-loi dans la métropole lilloise. (...)

Pour faire face à cette situation, la métropole de Lille adopte à partir de 2022 une politique répressive, pour contraindre les habitants à quitter les aires d’accueil en limitant leur durée de séjour. Mais la plupart des familles sont installées depuis des décennies et sont aujourd’hui sédentarisées. Elles n’ont pas l’intention d’abandonner leurs lieux de vie et de mettre en péril la scolarité de leurs enfants, leur emploi ou leur suivi médical. Une nouvelle conciliatrice aux « méthodes brutales » aurait alors été nommée par la Mel pour appliquer ces objectifs. Début avril, quatre signalements ont été transmis à la Défenseuse des Droits et relatent des situations d’expulsions abusives, de privations de libertés, de contrôles intrusifs et de mises en danger des voyageurs. De son côté, Anina Ciuciu, avocate de l’association Da So Vas, envisage de saisir la justice si la Mel ne change pas son fusil d’épaule (...)