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The Conversation
Près de 70 % des Français n’éprouvent pas de « sentiment de submersion » migratoire, selon une enquête sociale européenne
#France #migants #immigration
Article mis en ligne le 16 février 2025
dernière modification le 14 février 2025

Selon l’Enquête sociale européenne 2023-2024 menée par des universitaires dans 31 pays européens, au moins 69 % des Français sont favorables à l’accueil d’étrangers dans notre pays. Bien loin du « sentiment de submersion migratoire » évoqué par le premier ministre François Bayrou.

Accoler « sentiment » au concept de « submersion migratoire » relève d’une stratégie de communication millimétrée qui place le débat au-delà des réalités statistiques sur l’immigration. Qui peut nier les ressentis subjectifs des citoyens, aussi biaisés soient-ils ? Des données d’enquêtes internationales qui interrogent les Français sur la politique migratoire de notre pays montrent pourtant que le « sentiment de submersion migratoire » n’existe pas.

La submersion migratoire, une idée largement démentie (...)

l’historien et sociologue Hervé le Bras a consacré en 2022 un ouvrage complet sur l’idée tout aussi fausse qu’il existerait un « grand remplacement ».

Le professeur au Collège de France François Héran rappelait quant à lui que « la France n’était pas le pays le plus attractif d’Europe, bien au contraire » et qu’il faudrait plutôt s’en inquiéter.
Le sentiment des Français, une dimension qui compte

Mais les mots du chef du gouvernement sont choisis. Il parle de « sentiment ». Peu importe la réalité, même si on sait que, partout dans le monde, les citoyens surestiment systématiquement la part d’étrangers dans leur société comme le démontre très bien un article, au sérieux indiscutable, publié par la Française Stefania Stantcheva, professeure à Harvard. (...)

En employant le terme « sentiment », le chef du gouvernement s’appuie sur une appréciation subjective de la réalité qui lui permet de placer le débat au-delà des données collectées par l’Insee et du même coup créer l’embarras. Qui dispose de la légitimité pour nier le « ressenti » de nos citoyens, fondé sur la perception de leur environnement au quotidien ? A priori personne. (...)

Il faut pour cela des données d’enquête collectées via un protocole statistique clair et éprouvé, fondé sur les techniques de sondage que seules quelques organisations sont en mesure de mettre en œuvre. Il faut une photographie représentative des sentiments des Français.

L’Enquête sociale européenne (ESS), dispositif transnational bisannuel, menée par des universitaires dans toute l’Europe, a récemment fait paraître les résultats de sa onzième campagne réalisée en 2023-2024 dans 31 pays.

Trois questions invitent les enquêtés à se prononcer sur la mesure dans laquelle la France devrait autoriser des étrangers à venir vivre en France. Les données sont disponibles en ligne et téléchargeables sans prérequis. (...)

Un sentiment de submersion de la part des Français se traduirait par une majorité de répondants en faveur d’une opposition catégorique à l’accueil d’étranger dans notre pays ou, a minima, par une majorité de répondants s’exprimant en faveur de « peu » ou « aucun ». Or les chiffres de l’enquête ne confirment absolument pas cette réalité. (...)

Le constat d’un tel écart entre les éléments de langage du chef du gouvernement et des réalités établies par la recherche ou des données accessibles à tous appelle à la mise en œuvre de propositions plus sérieuses dans le débat public.

Aujourd’hui, sur l’immigration, plus que sur tout autre sujet, l’État doit être garant de l’utilisation d’une information fiable pour mener à bien sa mission de gardien de la cohésion sociale.