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Mort d’Armita Geravand en Iran : “L’histoire se répète”
#iran #MahsaAmini #IranRevolution #repression #femmes #ArmitaGeravand
Article mis en ligne le 1er novembre 2023
dernière modification le 31 octobre 2023

Agressée dans des circonstances troubles à Téhéran le 1ᵉʳ octobre, la jeune Iranienne est morte le 28 octobre. Un drame qui rappelle la mort de Mahsa Amini, lynchée par la police des mœurs, comme le souligne l’illustratrice Bahareh Akrami.

Les images sont parcellaires : on y voit une jeune fille inanimée tirée hors du métro, sur le quai. Sur ce qui s’est passé dans la rame, ce 1er octobre à Téhéran, aucune vidéo. Armita Geravand, lycéenne de 16 ans, est morte à l’hôpital samedi 28 octobre, après des semaines de coma. Selon des ONG, dont Hengaw, groupe de défense kurde, elle a été victime du « port forcé du hidjab » et agressée dans le wagon par des femmes travaillant pour le régime, car elle ne portait pas de foulard. Les autorités, elles, évoquent un malaise suivi d’une chute. Ce nouveau décès survient un peu plus d’un an après celui de Mahsa Jina Amini, jeune Kurde battue à mort par la police des mœurs pour avoir mal porté son foulard, le 16 septembre 2022, qui a déclenché un soulèvement inédit des Iraniennes et des Iraniens réclamant la liberté à travers le pays, malgré une répression féroce.

Lors des obsèques d’Armita Geravand, dimanche 29 octobre, une dizaine de personnes ont été arrêtées, dont la célèbre avocate et militante Nasrin Sotoudeh, lauréate en 2012 du prix Sakharov pour les droits humains du Parlement européen. Ce même prix a été décerné le 19 octobre dernier à Mahsa Amini et au mouvement des femmes en Iran. (...)

Que savez-vous de ce qui est arrivé à Armita Geravand ?

Comme toujours, peu de choses précises. On a appris sur les réseaux sociaux, comme pour Mahsa Amini, qu’elle avait été agressée dans le métro, un témoin a expliqué au Guardian qu’elle avait répondu à la femme qui lui ordonnait de mettre son foulard : « Est-ce que moi je vous demande de retirer le vôtre ? » Elle a été poussée, elle est tombée, sa tête a peut-être heurté la barre du métro, ce n’est pas clair. Elle a été emmenée à l’hôpital sous haute sécurité et, pendant plusieurs jours, même sa famille n’a pu la voir. Sa mort cérébrale a été annoncée, puis son décès. Des jeunes filles qui étaient avec elle, sa famille ont été menacés. Ce sont toujours les mêmes méthodes : ses proches ont été contraints de relayer devant les médias la version officielle du régime, celle d’une mort accidentelle. L’histoire se répète. (...)

Contrairement à celui de Mahsa Amini l’an dernier, ce nouveau décès n’est pas suivi d’intenses manifestations…

Les Iraniennes et les Iraniens ont peur, la répression est féroce depuis un an, et la situation économique catastrophique. Les gens tentent de survivre. Ils restent mobilisés, sous d’autres formes, notamment des actes de désobéissance civile. La nuit précédant les obsèques, des cris ont retenti sur les toits de Téhéran : « À bas le régime ! », « Mort au dictateur ! » Il semble que des femmes ont assisté sans voile aux funérailles d’Armita Geravand, dont Nasrin Sotoudeh. Elles ont été arrêtées. (...)

Craignez-vous que l’explosion de la guerre entre Israël et le Hamas n’éclipse le combat des Iraniennes et des Iraniens pour la liberté ?

Elle l’éclipse, c’est la règle de l’actualité, et la diaspora continue de se mobiliser pour qu’on en parle, c’est notre rôle. Surtout, depuis le 7 octobre, le peuple iranien redoute un embrasement régional, et le soutien du régime au Hamas fait craindre aux Iraniens une guerre dont ils ne veulent pas. (...)

les Gardiens de la Révolution ne sont toujours pas inscrits sur la liste des entités terroristes de l’Union européenne, comme l’a réclamé un intense lobbying début 2023. Pour ce peuple qui a soif de liberté et pour nous, qui relayons son combat, c’est très clair : le salut n’est pas à attendre des politiques, quels qu’ils soient, mais de la société civile.