Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
France24/AFP
Les victimes de soumission chimique en attente de mesures "concrètes"
#viols #soumissionchimique #femmes
Article mis en ligne le 26 mars 2025
dernière modification le 23 mars 2025

Sensibilisation des plus jeunes, "fiches réflexes" pour les professionnels de terrain, mise en place de référents : les victimes de soumission chimique attendent des "mesures concrètes" pour lutter contre ce fléau et permettre leur reconstruction.

"Il faut une prise en charge globale", estime Sylvie, 44 ans. Il y a dix ans, cette femme a été victime d’un haut fonctionnaire du ministère de la Culture qui lui a fait faire boire des diurétiques pendant un entretien d’embauche, la poussant à uriner devant lui. Au total, cet ancien responsable des ressources humaines au ministère aurait fait plus de 200 victimes.

Après l’agression, "je suis rentrée chez moi, je ne savais pas quoi faire, j’ai pleuré", se remémore-t-elle aujourd’hui, à l’occasion d’une rencontre avec d’autres victimes de soumission chimique organisée à Paris par la députée MoDem Sandrine Josso, chargée d’une mission sur la question par le gouvernement.

"J’étais malade, j’avais des problèmes urinaires, je n’étais pas en état de prendre une quelconque décision et personne n’a eu le réflexe de me dire d’aller chez le médecin", ajoute Sylvie. (...)

Encore méconnue ces dernières années, la question de la soumission chimique a fait l’objet d’une médiatisation sans précédent fin 2024 avec le procès des viols de Mazan à l’issue duquel Dominique Pelicot a été condamné pour avoir drogué et livré sa femme à des dizaines d’inconnus qui l’ont violée.

Historique, ce procès a mis en lumière la méconnaissance de certains professionnels de santé face à ce phénomène consistant à administrer des substances psychoactives à l’insu de la victime ou sous la menace à des fins criminelles. (...)

Sur le terrain, les victimes de ce fléau qui reste difficilement quantifiable, témoignent d’un parcours semé d’embuches.

Victime de soumission chimique dans le cadre d’un mouvement sectaire, Adèle (nom d’emprunt) parle de "douche froide".

Cette jeune femme, qui se dit aujourd’hui "de retour dans la vie", indique s’être rapprochée, après les faits, d’un centre régional de prise en charge du psychotraumatisme.

"On a rejeté ma demande parce qu’on m’a expliqué que c’était trop complexe, il y avait trop de traumas", dit-elle. "Pour moi, c’est juste inaudible. C’est inadmissible".

Au-delà d’une meilleure formation des professionnels, de nombreuses victimes entendues dans le cadre de la mission réclament une prise en charge financière de l’accompagnement psychologique. (...)

Un autre point fait consensus parmi les victimes : la nécessité de sensibiliser par le biais d’une vaste campagne de communication la population, notamment les plus jeunes, pour les aider à réagir le cas échéant le jour-J.

Pour la députée Sandrine Josso, qui a porté plainte en novembre 2023 contre le sénateur centriste Joël Guerriau qu’elle accuse de l’avoir droguée en vue de l’agresser sexuellement, il "est plus que temps de changer de paradigme".

Les conclusions de sa mission sont attendues pour la mi-mai.