
Non à des autoroutes plus grandes, non à des expulsions plus faciles et à des règles de sous-location plus strictes, oui à un nouveau modèle de financement des soins de santé : Les électeurs suisses ont eu leur mot à dire dimanche lors d’une série de scrutins très serrés.
Les instituts de sondage avaient prédit une journée serrée, et ils ont eu raison. Sur les quatre questions soumises au vote dimanche, la plus forte majorité a été de 53,8 % (règles d’expulsion). Si les autorités suisses ont réussi à éviter la défaite sur les quatre sujets - une autre issue évoquée à l’avance -, elles ont en revanche essuyé un camouflet sur le sujet phare de la journée : l’extension du réseau autoroutier du pays, qui faisait l’objet de tant de convoitises. Le taux de participation a été de 45 %. (...)
Autoroutes : les électeurs ne sont pas impressionnés par le projet d’extension de 5 milliards de francs suisses
Les projets du gouvernement en matière d’infrastructures routières se heurtent à un mur : après une course serrée, 52,7 % des électeurs ont rejeté dimanche un projet d’expansion autoroutière de 5 milliards de francs suisses (5,6 milliards de dollars). Ce projet, approuvé par le parlement l’année dernière, aurait consisté à élargir ou à construire de nouvelles routes à six endroits clés du réseau autoroutier du pays, notamment près de la capitale, Berne, et sur un tronçon très fréquenté entre Genève et Lausanne. (...)
Dimanche, le parti des Verts a salué le rejet historique de ce qu’il a appelé "une politique des transports dépassée". Avec des groupes de gauche et des écologistes, les Verts ont fait campagne en avançant des arguments sur l’impact environnemental du projet et la crainte que des routes plus grandes ne fassent qu’engendrer plus de trafic. Ils souhaitent désormais que les fonds soient consacrés aux transports publics, à la mobilité active et à la rénovation des autoroutes existantes.
Les partisans du projet ont fait valoir que les embouteillages avaient explosé ces dernières années et que des investissements étaient nécessaires pour faire face à la croissance de la population suisse. Le projet doit être considéré comme faisant partie d’une stratégie globale qui comprend déjà des investissements dans les transports publics et d’autres formes de mobilité, a déclaré le ministre des transports Albert Rösti à la télévision publique suisse, SRF, au cours de la campagne.
Mais les sondages ont révélé que le soutien initial au projet s’est estompé au cours de la campagne, ce qui a conduit à une défaite finale qu’un politicien de droite a décrite dimanche comme un "coup de pied dans les dents". Fabio Regazzi, un autre homme politique du parti du centre impliqué dans la campagne pour le "oui", a déclaré à la radio SRF que le résultat révélait "un certain changement" au sein de la population suisse. Il y a quelques années, un tel vote aurait été facilement accepté, a estimé M. Regazzi.
Des votes serrés pour la modification des contrats de location
Une majorité de votants (53,8 %) a également rejeté dimanche une proposition visant à faciliter la résiliation anticipée des baux par les propriétaires afin qu’ils puissent utiliser un bien immobilier à leurs propres fins. Dans le même temps, 51,6 % des électeurs ont rejeté un projet visant à renforcer les contrôles sur la sous-location d’appartements et d’autres biens immobiliers, tant résidentiels que commerciaux.
Ces deux questions ont fait l’objet d’une grande attention, car le droit du bail concerne la majorité des Suisses. Environ 60 % de la population - le pourcentage le plus élevé d’Europe - loue un logement.
La proposition d’assouplir les règles d’expulsion a été rejetée dans presque tous les cantons francophones, avec une opposition particulièrement forte à Genève (67,8 % de la population), qui souffre d’une pénurie chronique de logements.