
Alerté par Mediapart, le prestigieux établissement privé catholique, situé dans les Hauts-de-Seine, a fini par rompre jeudi 25 septembre le contrat de cette enseignante d’histoire membre de groupuscules d’extrême droite. La militante avait pris ses fonctions à la rentrée.
Dix jours après les révélations de Mediapart, le rectorat de Versailles a finalement signifié au chef du groupe scolaire Sainte-Marie, situé à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), sa décision de mettre fin à la période d’essai de la nouvelle professeure d’histoire-géographie, Maylis de Cibon, connue pour ses activités militantes dans les milieux d’extrême droite.
En 2025, la jeune femme avait déposé auprès de la préfecture de police de Paris la demande d’autorisation de la manifestation du Comité du 9-Mai (C9M), rendez-vous annuel des néonazi·es français·es, qui défilent dans les rues parisiennes pour commémorer la mort de Sébastien Deyzieu, un activiste d’extrême droite tombé d’un toit en 1994 en tentant d’échapper à la police.
Maylis de Cibon a également été l’assistante parlementaire des député·es Christian Girard (Rassemblement national, RN) et Sophie Ricourt Vaginay (Union des droites pour la République, le parti d’Éric Ciotti). Son nom apparaît enfin dans plusieurs articles de presse, notamment sur Mediapart, pour son appartenance au groupuscule néofasciste Luminis et pour avoir dirigé, alors qu’elle était encore étudiante, l’antenne de La Cocarde, une organisation étudiante identitaire proche de groupuscules violents, à l’université d’Assas à Paris. Autant d’éléments facilement accessibles par une simple recherche sur Internet. (...)
Ce recrutement survenu à la rentrée de septembre avait suscité l’émotion des élèves, des professeur·es et des parents de l’établissement. Sollicités par Mediapart, certains d’entre eux avaient fait part de leur « peur d’avoir une néonazie comme professeure d’histoire, avec le risque d’endoctrinement ou de présentation biaisée du programme aux enfants ».
Des parents qui se disaient aussi « sonnés », avec « un mélange de colère, de crainte et de honte », et exprimaient « un sentiment de trahison » : « Jamais nous n’aurions pensé qu’un établissement comme Sainte-Marie puisse recruter une telle personne, dont les idées vont à l’encontre de toutes les valeurs pourtant mises en avant par l’établissement. » Certains confient aujourd’hui « leur soulagement » après la décision du rectorat. (...)
Un établissement soutenu par l’argent public
Vieux de plus d’un siècle et géré par la communauté apostolique Saint-François-Xavier, l’établissement scolaire, dont le projet est « d’aider les jeunes à grandir en humanité » (...)
L’annonce de ce recrutement avait choqué largement, jusqu’à la région Île-de-France, où la présidente a été alertée de l’affaire, au-delà des articles de presse, par un courrier officiel de l’opposition. Cela n’a pas empêché l’ancienne élève Valérie Pécresse de faire voter, ce jeudi, 2 000 euros de subventions de la région Île-de-France au lycée Sainte-Marie de Neuilly, membre du même groupe scolaire, au titre du budget d’autonomie éducative francilien (BAEF). Comme elle l’a fait en novembre 2024 et en septembre 2023.
Le lycée touche par ailleurs chaque année 300 000 euros de subventions régionales au titre du forfait d’externat, dont les montants sont fixés par la loi, à moins d’une remise en cause du contrat d’association, et a perçu en 2022 13 000 euros de financement extralégal, voulu par la région au nom de l’investissement.
De la même manière, Valérie Pécresse a renouvelé la confiance régionale par le biais de nouvelles subventions volontaires aux lycées Stanislas, largement mis en cause pour des dérives sexistes et homophobes à Paris mais également des atteintes à la liberté de conscience, et Saint-Dominique, également à Neuilly-sur-Seine, où des violences sexuelles ont été commises contre des élèves. En tout, 240 000 euros d’investissement pour l’année à venir dans les lycées privés d’Île-de-France.